En permaculture, les animaux sont de précieux alliés pour contrôler les populations de ravageurs. Ils peuvent réguler naturellement les insectes, les petits mammifères et même certaines mauvaises herbes, sans avoir recours à des produits chimiques. Leur présence équilibrée dans le jardin permet de maintenir un écosystème sain et dynamique. Voici comment chaque espèce peut contribuer efficacement à cette lutte biologique.

Les poules : la brigade anti-insectes sur pattes

Des prédatrices d’insectes insatiables

Les poules sont des omnivores opportunistes. Elles passent leurs journées à gratter le sol et à picorer tout ce qui bouge : insectes, larves, vers, limaces, escargots… Elles sont particulièrement efficaces contre les nuisibles qui se développent au sol ou sous la surface.

• Coléoptères (doryphores, scarabées) : Les poules grattent le sol autour des cultures de pommes de terre et de courges, délogeant les larves avant qu’elles n’attaquent les plantes.
• Chenilles et larves de mouches : En grattant les tas de compost ou les débris végétaux, les poules consomment les chenilles avant qu’elles n’atteignent les cultures.
• Limaces et escargots : Même si ce n’est pas leur plat préféré, elles les mangent volontiers, surtout lorsqu’ils sont jeunes et petits.

Astuce pratique : Laisse tes poules parcourir le jardin en fin de saison, après la récolte, pour qu’elles nettoient les résidus de culture. Cela réduit les populations de ravageurs pour la saison suivante.

Contrôle des insectes du verger

Les poules sont aussi très utiles dans les vergers. Elles picorent les fruits tombés, souvent infestés de larves d’insectes (comme le carpocapse du pommier), et mangent les insectes qui hivernent dans le sol.

Technique : Laisse les poules pâturer sous les arbres fruitiers en automne et en hiver. Elles réduiront les populations de ravageurs en mangeant les larves et les œufs cachés dans le sol et les feuilles mortes.

Les canards : les exterminateurs de limaces et d’escargots

Des chasseurs infatigables de gastéropodes

Les canards, notamment les coureurs indiens, sont de véritables experts pour se débarrasser des limaces et des escargots, qui peuvent ravager un jardin en quelques nuits. Ils adorent ces mollusques et les cherchent dans les zones humides, à l’ombre des plantes, où les limaces se cachent.

• Limaces : Ils mangent les limaces à tous les stades de leur développement, des jeunes aux adultes.
• Escargots : Ils les débusquent sous les feuilles, les cailloux et dans les paillis.

Astuce pratique : Introduis les canards dans le potager tôt le matin ou en fin de journée, quand les limaces sont actives. Fais attention aux jeunes plants, car ils peuvent les endommager en cherchant les limaces cachées.

Protection des cultures sensibles

Les limaces sont particulièrement redoutées dans les cultures de salades, choux, fraises et autres plantes basses. En laissant les canards parcourir ces zones de manière contrôlée (par exemple avec des clôtures mobiles), tu réduis considérablement les populations de limaces et tu limites les dégâts sur tes cultures.

Technique : Utilise des clôtures mobiles pour diriger les canards vers les zones où les limaces sont les plus problématiques. Fais les tourner régulièrement pour éviter qu’ils ne perturbent trop le sol.

Les oies : des herbivores vigilants

Gardiens des pâturages

Les oies, contrairement aux poules et canards, ne s’attaquent pas aux insectes. Cependant, elles jouent un rôle essentiel en consommant les herbes indésirables qui pourraient abriter des insectes nuisibles ou concurrencer les cultures pour les nutriments et l’eau.

• Mauvaises herbes : Les oies consomment une grande variété d’herbes et de plantes adventices, empêchant leur propagation et réduisant ainsi les refuges pour certains ravageurs.

Astuce pratique : Utilise les oies pour nettoyer les allées et les bordures des potagers. Elles mangent les herbes adventices sans toucher aux plantes cultivées.

Surveillance des arbres fruitiers

Les oies aiment aussi les jeunes pousses des arbres fruitiers. Dans un verger, elles maintiennent les herbes courtes sous les arbres, ce qui limite les abris pour les insectes ravageurs comme les fourmis ou les pucerons.

Technique : Laisse les oies se déplacer librement dans le verger pour entretenir les zones difficiles d’accès. Leur présence dissuade également les petits rongeurs comme les campagnols.

Les cochons : le labour biologique contre les insectes et les rongeurs

Fouisseurs de larves et racines indésirables

Les cochons sont d’excellents fouisseurs. En retournant le sol à la recherche de racines, de vers et de larves, ils perturbent les habitats des ravageurs du sol, comme les larves de coléoptères ou les vers blancs, qui peuvent endommager les racines des plantes.

• Larves de coléoptères : En fouillant profondément, les cochons déterrent et mangent ces larves avant qu’elles ne se transforment en adultes.
• Vers blancs : Ils dévorent ces larves qui, en grandissant, attaquent les racines des légumes et des jeunes arbres.

Astuce pratique : Utilise les cochons pour préparer les parcelles avant la plantation. Ils nettoieront le sol des racines de mauvaises herbes vivaces et des larves de ravageurs.

Gestion des rongeurs et petits mammifères

Les cochons chassent aussi les campagnols, les souris et autres petits rongeurs en retournant leurs terriers. Leur présence dans une zone réduit la population de ces nuisibles.

Technique : Laisse les cochons travailler les zones en bordure de cultures ou de vergers, où les campagnols et autres petits rongeurs aiment s’installer.

Les chats et chiens : les patrouilleurs du jardin

Les chats : chasseurs nocturnes de rongeurs

Les chats sont des prédateurs naturels de petits rongeurs comme les souris, les campagnols ou les rats, qui peuvent causer des dégâts importants dans les potagers et les réserves de semences.

• Rongeurs : Un ou deux chats dans le jardin suffisent souvent à maintenir les populations de rongeurs à un niveau acceptable.

Astuce pratique : Encourage les chats à rester dans les zones à risque en y installant des points d’observation (comme des perchoirs ou des abris surélevés) où ils se sentent à l’aise pour surveiller les environs.

Les chiens : dissuasion des gros nuisibles

Les chiens, surtout ceux qui sont habitués au gardiennage, éloignent les plus gros nuisibles comme les sangliers, les renards, et même les chevreuils, qui peuvent dévaster un jardin en une nuit.

• Sangliers et chevreuils : Un chien de garde bien dressé peut décourager ces animaux de pénétrer dans le jardin, surtout s’il a accès à tout le terrain.

Astuce pratique : Choisis des races de chiens connues pour leur tempérament protecteur et sociabilise-les avec les animaux de la ferme pour éviter les conflits.

Intégration optimale des animaux pour la gestion des ravageurs

Organisation de la rotation des animaux

Pour éviter le surpâturage et permettre une gestion équilibrée des ravageurs, organise la rotation des différentes espèces animales sur les parcelles. Par exemple, après la récolte des légumes, laisse les poules nettoyer la zone, puis introduis les canards pour les limaces résiduelles, et enfin les cochons pour labourer et nettoyer le sol.

Technique : Divise le jardin en parcelles avec des clôtures mobiles et fais tourner les animaux tous les 3 à 7 jours selon l’état du sol et les besoins des cultures.

Créer des zones de refuge et d’habitat pour les auxiliaires

En plus des animaux de ferme, pense à attirer les prédateurs naturels comme les coccinelles, les oiseaux insectivores ou les crapauds. Crée des habitats diversifiés (haies, mares, tas de bois) pour qu’ils puissent s’installer et contribuer à la lutte contre les ravageurs.

Astuce pratique : Plante des fleurs mellifères et des haies autour du jardin pour attirer les insectes pollinisateurs et prédateurs. Installe des nichoirs et des abris à insectes pour offrir un refuge aux auxiliaires naturels.

Conclusion

Les animaux en permaculture ne sont pas seulement des sources de nourriture ou de travail. Ils sont des partenaires clés dans la gestion des ravageurs. En utilisant leurs comportements naturels de prédation, de fouissage et de pâturage, tu peux réguler efficacement les populations de nuisibles, tout en renforçant la biodiversité et la résilience de ton écosystème. En intégrant harmonieusement les poules, les canards, les oies, les cochons, les chats et les chiens, tu crées un jardin équilibré et en pleine santé, où chaque être vivant joue son rôle pour maintenir l’harmonie. Alors, prêt(e) à faire équipe avec tes alliés à plumes, à pattes et à sabots pour un jardin plus sain et plus productif ?

Pour en savoir plus :

• Intégrer les animaux pour améliorer la fertilité du sol et la gestion des nutriments
• Quels animaux sont les plus adaptés à un petit jardin en permaculture ?
• Comment les animaux contribuent à la régénération des sols et à la biodiversité ?
• Gérer les interactions entre animaux et cultures pour maximiser les bénéfices en permaculture
• Meilleures pratiques pour intégrer des poules, canards ou lapins dans un jardin permaculturel
• Comment les animaux peuvent aider à la gestion de l’eau et à la création de microclimats dans un système permaculturel ?
• Impacts à long terme de l’introduction d’animaux dans un écosystème permaculturel