La production alimentaire durable en permaculture repose sur l’intégration réfléchie d’animaux qui non seulement fournissent des ressources alimentaires précieuses, comme des œufs, de la viande, du lait ou du poisson, mais contribuent aussi activement à la santé et à l’équilibre de l’écosystème. Les animaux choisis doivent être bien adaptés au climat, au terrain, aux ressources disponibles et aux besoins du système. Voici une liste détaillée des animaux les plus adaptés à la production alimentaire durable en permaculture, leurs rôles écologiques, les pratiques pour les intégrer harmonieusement dans un système permaculturel, ainsi que des conseils pratiques pour maximiser leurs bénéfices tout en minimisant les impacts négatifs.

Les volailles : polyvalence et gestion des ressources

Poules : les meilleures alliées pour les œufs, la fertilisation et le contrôle des ravageurs

Les poules sont l’un des choix les plus populaires pour la production alimentaire durable en permaculture. Elles sont faciles à élever, produisent des œufs, aident à la gestion des ravageurs et enrichissent le sol de leurs déjections.

• Production alimentaire : Une poule pond en moyenne 150 à 300 œufs par an, selon la race. Les races telles que la Sussex, la Marans ou la Rhode Island Red sont excellentes pour la production d’œufs et de viande.
  • Sussex : Excellente pondeuse et bonne productrice de viande. C’est une race rustique, calme et adaptée aux petits jardins.
  • Marans : Connue pour ses œufs brun foncé et sa rusticité. Elle est particulièrement adaptée aux climats plus frais.
  • Rhode Island Red : Très bonne pondeuse, également productive en viande, elle s’adapte bien aux conditions extérieures.
• Rôle écologique : Les poules grattent le sol, consomment les insectes et les mauvaises herbes, aèrent la surface du sol et fertilisent avec leurs fientes riches en azote. Elles contribuent à réduire les populations de ravageurs et à recycler les déchets organiques.
• Intégration en permaculture :
  • Gestion des enclos : Utilise des enclos mobiles (tracteurs à poules) pour les déplacer régulièrement sur le terrain. Cela permet d’éviter le surpâturage, de répartir les nutriments et de contrôler les mauvaises herbes.
  • Compagnonnage : Place les poules sous les arbres fruitiers pour qu’elles consomment les insectes et les fruits tombés, réduisant ainsi les maladies des arbres.

Astuce pratique : Plante des haies autour des enclos à poules pour leur offrir de l’ombre et de la protection contre les prédateurs. Les baies des haies fournissent également une nourriture complémentaire.

Canards : gestion des ravageurs, fertilisation des zones humides et production d’œufs et de viande

Les canards sont particulièrement efficaces pour la gestion des ravageurs, notamment les limaces et les escargots, ce qui en fait un excellent choix pour les potagers et les zones humides.

• Production alimentaire : Certaines races, comme le canard de Pékin ou le canard de Rouen, sont très bonnes pondeuses et productrices de viande. Le canard coureur indien est apprécié pour sa capacité à pondre beaucoup d’œufs tout en consommant peu de nourriture.
  • Canard de Pékin : Bonne pondeuse et excellente viande, rapide à élever. Adaptée aux climats tempérés.
  • Coureur indien : Ponctuel et très actif, il consomme beaucoup de limaces et d’insectes tout en produisant jusqu’à 200 œufs par an.
  • Rouen : Plus gros, bon pour la viande et les œufs, mais plus adapté aux systèmes plus vastes en raison de sa taille.
• Rôle écologique : Les canards contrôlent efficacement les populations de limaces et d’escargots, réduisent la prolifération des insectes aquatiques et fertilisent le sol de leurs déjections. Ils consomment également les mauvaises herbes dans les zones humides.
• Intégration en permaculture :
  • Systèmes aquaponiques : Intègre les canards dans les systèmes aquaponiques ou les mares pour qu’ils consomment les algues et les insectes aquatiques. Leurs déjections enrichissent l’eau en nutriments pour les plantes aquatiques.
  • Jardinage en zones humides : Laisse les canards dans les potagers humides pour contrôler les limaces. Protège les jeunes plants avec des clôtures temporaires pour éviter qu’ils ne soient piétinés.

Astuce pratique : Plante des plantes aquatiques comme le cresson ou le riz dans les zones fréquentées par les canards pour les nourrir et filtrer les nutriments excédentaires. Crée des abris flottants pour les protéger des prédateurs.

Dindons et oies : production de viande, gestion des mauvaises herbes et fertilisation

Les dindons et les oies sont des oiseaux de grande taille qui, en plus de produire de la viande, jouent un rôle important dans le contrôle des mauvaises herbes et la fertilisation.

• Dindons : Les dindons consomment une grande variété d’herbes, d’insectes et de graines. Ils sont excellents pour la production de viande, avec des races comme le dindon bronze ou le dindon blanc.
  • Dindon bronze : Robuste et adapté aux systèmes en plein air. Il est apprécié pour sa chair savoureuse.
  • Dindon blanc : Plus grand, avec une croissance rapide, adapté pour la production intensive de viande.
• Oies : Les oies sont herbivores et consomment de grandes quantités de végétation, aidant à contrôler les mauvaises herbes. Elles sont également utilisées pour la production de viande et de plumes.
  • Oie de Toulouse : Bonne productrice de viande et de foie gras, elle est adaptée aux systèmes extensifs.
  • Oie d’Embden : Grande taille, croissance rapide, excellente productrice de viande.
• Rôle écologique : Les dindons consomment les herbes hautes, les insectes et les petits rongeurs, contribuant à la régulation des populations de ravageurs. Les oies, en broutant, réduisent la pression des mauvaises herbes et enrichissent le sol de leurs déjections.
• Intégration en permaculture :
  • Pâturage mixte : Associe les dindons et les oies avec des moutons ou des chèvres pour gérer différentes strates de végétation. Utilise-les dans les vergers ou les grandes prairies.
  • Gestion des adventices : Laisse les oies paître dans les potagers après la récolte pour consommer les herbes indésirables. Protège les jeunes plants avec des clôtures basses.

Astuce pratique : Laisse les oies dans les zones de culture de céréales après la récolte pour qu’elles consomment les résidus et fertilisent le sol. Installe des abris en hauteur pour les dindons pour les protéger des prédateurs.

Les ruminants : entretien des prairies et production de viande et de lait

Moutons : polyvalence, production de viande et de laine, et gestion des pâturages

Les moutons sont des animaux très adaptés à la permaculture pour la production de viande, de laine et de lait. Ils sont également d’excellents gestionnaires de prairies et de vergers.

• Production alimentaire : Les races comme le Suffolk, le Mérinos ou le Soay sont adaptées à la production de viande et de laine.
  • Suffolk : Excellente viande, croissance rapide, adapté aux pâturages.
  • Mérinos : Excellente laine, plus petit, adapté aux systèmes extensifs.
  • Soay : Rustique, petit format, adapté aux systèmes de faible intensité, excellent pour les terrains difficiles.
• Rôle écologique : Les moutons consomment les herbes et les mauvaises herbes, réduisant la pression sur les cultures. Ils fertilisent le sol avec leurs déjections et favorisent la régénération des prairies par leur pâturage modéré.
• Intégration en permaculture :
  • Pâturage en rotation : Utilise le pâturage en rotation pour éviter le surpâturage et permettre aux plantes de se régénérer. Associe les moutons avec d’autres animaux (poules, dindons) pour maximiser l’utilisation des ressources.
  • Verger-pâturage : Laisse les moutons paître sous les arbres fruitiers pour contrôler les mauvaises herbes et fertiliser le sol. Protège les jeunes arbres avec des protections contre les morsures.

Astuce pratique : Plante des arbres fourragers (mûrier, noisetier) dans les pâturages pour offrir de la nourriture supplémentaire et enrichir le sol de leurs feuilles tombées.

Chèvres : production de lait, de viande, et gestion des broussailles

Les chèvres sont très polyvalentes et s’adaptent bien aux terrains accidentés. Elles sont particulièrement utiles pour nettoyer les zones boisées et les broussailles.

• Production alimentaire : Les races comme l’Alpine, la Saanen ou la Boer sont excellentes pour la production de lait et de viande.
  • Alpine : Bonne productrice de lait, adaptée aux terrains escarpés.
  • Saanen : Très bonne productrice de lait, adaptée aux systèmes intensifs.
  • Boer : Excellente viande, croissance rapide, adaptée aux systèmes de pâturage mixte.
• Rôle écologique : Les chèvres consomment les broussailles, les jeunes arbres et les mauvaises herbes, nettoyant les sous-bois et réduisant le risque d’incendie. Leur pâturage aide à maintenir les zones ouvertes et à favoriser la diversité des plantes herbacées.
• Intégration en permaculture :
  • Pâturage de broussailles : Utilise les chèvres pour nettoyer les zones de friche ou les sous-bois. Associe-les avec des ruminants (moutons, vaches) pour diversifier le pâturage et améliorer la qualité des sols.
  • Gestion des bandes boisées : Laisse les chèvres accéder aux bandes boisées ou aux haies pour limiter la prolifération des plantes envahissantes et encourager la régénération naturelle.

Astuce pratique : Plante des haies fourragères (saule, mûrier) dans les zones de pâturage pour fournir de la nourriture et offrir de l’ombre. Utilise des clôtures mobiles pour les déplacer régulièrement et éviter la dégradation du sol.

Vaches : production de lait, de viande et gestion des prairies

Les vaches, en plus de produire du lait et de la viande, sont d’excellentes pâtureuses qui contribuent à la gestion et à l’enrichissement des prairies.

• Production alimentaire : Les races comme la Jersey, la Highland ou la Dexter sont adaptées à la production en permaculture.
  • Jersey : Bonne productrice de lait riche en crème, petite taille, adaptée aux petites exploitations.
  • Highland : Robuste, bonne productrice de viande, adaptée aux terrains accidentés.
  • Dexter : Petite taille, bon compromis entre production de lait et de viande, adaptée aux petites surfaces.
• Rôle écologique : Les vaches, par leur pâturage sélectif, maintiennent les prairies diversifiées et fertilisent le sol avec leurs déjections. Leur piétinement modéré favorise l’incorporation de matière organique et l’aération du sol.
• Intégration en permaculture :
  • Pâturage en rotation : Utilise le pâturage en rotation pour éviter le surpâturage et permettre la régénération des plantes. Associe les vaches avec d’autres animaux (poules, moutons) pour diversifier l’utilisation des ressources.
  • Agroforesterie : Intègre les vaches dans des systèmes agroforestiers où elles peuvent bénéficier de l’ombre des arbres et contribuer à la fertilisation des cultures.

Astuce pratique : Plante des arbres à haute densité dans les pâturages pour offrir de l’ombre et améliorer la fertilité du sol avec leurs feuilles tombées. Utilise les déjections des vaches pour créer du compost ou fertiliser les cultures.

Animaux aquatiques : production de poisson et gestion de l’eau

Poissons : production alimentaire et amélioration de la qualité de l’eau

L’aquaculture est une option intéressante pour la production de nourriture en permaculture, particulièrement dans les régions avec des ressources en eau disponibles.

• Espèces adaptées : Les carpes, les tilapias et les poissons-chats sont robustes, se reproduisent facilement et s’adaptent bien aux systèmes aquacoles intégrés.
  • Carpe commune : Robuste, omnivore, adaptée aux systèmes aquaponiques et aux étangs.
  • Tilapia : Croissance rapide, tolère des conditions variées, idéale pour les systèmes aquaponiques.
  • Poisson-chat : Adapté aux eaux plus chaudes, bon pour les systèmes intégrés avec une bonne qualité de l’eau.
• Rôle écologique : Les poissons consomment les algues, les insectes aquatiques et les matières organiques, aidant à contrôler la croissance des plantes aquatiques et à améliorer la qualité de l’eau. Leurs déjections enrichissent l’eau en nutriments pour les plantes.
• Intégration en permaculture :
  • Aquaponie : Associe les poissons avec des cultures hors-sol (légumes, plantes aromatiques) dans un système aquaponique. Les plantes purifient l’eau des poissons et les poissons fertilisent les plantes.
  • Élevage en étangs : Utilise les étangs pour produire des poissons tout en créant des zones humides qui soutiennent la biodiversité. Les poissons contribuent à la gestion des algues et des plantes aquatiques.

Astuce pratique : Plante des plantes filtrantes (cresson, menthe aquatique) autour des étangs pour purifier l’eau et offrir des ressources alimentaires supplémentaires aux poissons. Utilise des filets pour protéger les poissons des prédateurs.

Canards et oies dans les zones humides : gestion des insectes et fertilisation

Les canards et les oies sont des alliés précieux pour la gestion des zones humides, des mares et des rizières.

• Rôle écologique : Les canards et les oies consomment les limaces, les insectes aquatiques et les herbes indésirables dans les zones humides. Leurs déjections enrichissent l’eau en nutriments pour les plantes aquatiques.
• Intégration en permaculture :
  • Rizières : Intègre les canards dans les rizières pour contrôler les limaces et fertiliser l’eau. Leur présence réduit la pression des ravageurs et enrichit le sol en nutriments.
  • Mares et étangs : Laisse les canards et les oies fréquenter les étangs et les mares pour gérer les insectes et les herbes aquatiques. Protège les jeunes plantes aquatiques avec des barrières physiques.

Astuce pratique : Installe des abris flottants ou des îles artificielles pour offrir des refuges aux canards et aux oies dans les étangs. Utilise leurs déjections pour fertiliser les cultures aquatiques comme le cresson ou le lotus.

Conclusion

La production alimentaire durable en permaculture repose sur le choix judicieux d’animaux adaptés au contexte local, capables de fournir des ressources alimentaires tout en contribuant positivement à l’écosystème. Les poules, canards, moutons, chèvres, vaches et poissons, chacun à leur manière, jouent un rôle crucial dans la fertilisation du sol, la gestion des ravageurs, l’entretien des prairies et la création de microhabitats. En les intégrant de manière réfléchie, en optimisant les ressources locales et en soutenant les interactions écologiques, tu peux créer un système résilient, productif et en harmonie avec la nature. Prêt(e) à accueillir ces précieux alliés dans ton jardin permaculturel et à tirer parti de leur potentiel pour une production alimentaire durable et respectueuse de l’environnement ?

En savoir plus :

• Intégrer la production d’œufs, de viande, de lait ou de poisson dans un système permaculturel durable
• Gérer les animaux pour une production alimentaire tout en respectant le bien-être animal et l’écosystème
• Comment les déchets des animaux (excréments, restes alimentaires) peuvent être recyclés dans le système pour améliorer la fertilité du sol ?
• Meilleures pratiques pour équilibrer la production d’aliments d’origine animale et la régénération du sol ?
• Comment la rotation des animaux (pâturage, enclos mobiles) favorise la durabilité des ressources alimentaires ?
• Avantages écologiques de produire des œufs, de la viande ou du lait à petite échelle en permaculture
• Combiner l’élevage de poissons avec d’autres systèmes aquatiques pour une production alimentaire durable en permaculture