Dans un jardin-forêt en permaculture, les interactions entre les animaux et les plantes sont essentielles pour créer un écosystème équilibré, productif et résilient. Les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages, contribuent à la fertilité des sols, à la gestion des ravageurs, à la pollinisation et à la dispersion des graines, tandis que les plantes fournissent nourriture, abri et protection. Ces synergies, bien gérées, permettent d’établir un écosystème autosuffisant, où chaque élément remplit plusieurs fonctions et bénéficie aux autres. Voici un guide détaillé sur les interactions entre les animaux et les plantes dans un jardin-forêt, avec des exemples concrets et des stratégies pour maximiser ces synergies bénéfiques.
Rôles des animaux dans le jardin-forêt : fertilité, régénération et régulation
Amélioration de la fertilité des sols par les animaux
Les animaux contribuent à la fertilité du sol de différentes manières, notamment par leurs déjections, le piétinement et l’enfouissement de la matière organique. Ces actions enrichissent le sol en nutriments, améliorent sa structure et favorisent la vie microbienne.
- Déjections animales comme engrais naturel :
- Apport de nutriments : Les déjections des animaux, comme les fientes de poules, les crottes de lapins ou le fumier des chèvres, sont riches en azote, phosphore et potassium. Ces éléments nourrissent les plantes et favorisent leur croissance.
- Répartition uniforme : Les animaux en déplacement, comme les moutons ou les canards, répartissent les nutriments sur de grandes surfaces, ce qui homogénéise la fertilité du sol et évite la concentration des nutriments dans une seule zone.
Astuce pratique : Intègre les poules dans les zones de potager en hiver pour qu’elles grattent et fertilisent le sol tout en nettoyant les restes de cultures. Utilise les crottes de lapins directement en paillage au pied des plantes car elles ne brûlent pas les racines.
- Aération et décompactage du sol :
- Piétinement léger : Le piétinement léger des animaux, comme les moutons ou les chèvres, aide à enfoncer la matière organique en surface dans le sol, améliorant ainsi son aération et sa structure. Cela permet également de lutter contre les adventices sans les déraciner complètement.
- Travail des insectes : Les animaux comme les poules ou les canards en fouillant le sol pour chercher des insectes ou des graines, créent des micro-trous qui aèrent le sol et facilitent l’infiltration de l’eau et l’oxygénation des racines.
Astuce pratique : Pratique le pâturage en rotation avec des moutons ou des chèvres pour éviter le surpâturage et favoriser la régénération du sol. Laisse les poules gratter les zones autour des arbres fruitiers pour améliorer la structure du sol et limiter les insectes nuisibles.
Régénération et gestion des plantes spontanées
Les animaux peuvent jouer un rôle crucial dans la régénération des plantes et la gestion des plantes spontanées (dites “mauvaises herbes”) en sélectionnant certaines plantes pour se nourrir ou en aidant à la dispersion des graines.
- Gestion naturelle des adventices :
- Herbivores sélectifs : Les moutons et les chèvres préfèrent certaines plantes adventices aux cultures, ce qui permet de gérer naturellement les “mauvaises herbes” sans utiliser d’herbicides. Par exemple, les chèvres consomment les ronces, tandis que les moutons broutent le trèfle et le pissenlit.
- Réduction de la concurrence : En contrôlant la végétation spontanée, les animaux permettent aux jeunes arbres et arbustes de s’établir plus facilement sans subir la concurrence des herbes hautes ou des plantes envahissantes.
Astuce pratique : Laisse les chèvres ou les moutons pâturer dans les zones à fortes densités de ronces ou de fougères pour nettoyer le terrain. Utilise les oies pour entretenir les allées en herbe, car elles préfèrent brouter l’herbe sans toucher aux légumes.
- Dispersion des graines et régénération :
- Zoochorie : Les animaux transportent les graines dans leur pelage ou par leurs déjections, facilitant ainsi la dispersion des plantes dans le jardin-forêt. Les oiseaux, les écureuils et même les poules jouent un rôle dans la dissémination des graines d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées.
- Création de micro-habitats : Les petits mammifères, comme les lapins ou les rongeurs, creusent des terriers et créent des micro-habitats qui favorisent la germination de certaines graines. Ces perturbations localisées offrent des niches écologiques pour les plantes pionnières.
Astuce pratique : Plante des haies de petits fruits comme les mûriers ou les framboisiers le long des zones de passage des animaux. Cela leur permet de se nourrir tout en aidant à la dissémination des graines. Encourage la présence d’oiseaux en installant des nichoirs pour favoriser la dispersion des graines.
Gestion naturelle des ravageurs et des parasites
Les animaux peuvent être des alliés précieux pour contrôler naturellement les populations de ravageurs et de parasites, limitant ainsi le recours aux traitements chimiques.
- Prédation directe des insectes :
- Poules et canards : Les poules et les canards consomment de nombreux insectes nuisibles, comme les larves de coléoptères, les limaces, les escargots, et les chenilles. Cela réduit les populations de ravageurs dans les potagers et les vergers.
- Oiseaux insectivores : Les oiseaux comme les mésanges, les rouges-gorges ou les fauvettes se nourrissent d’insectes et de chenilles. Leur présence dans le jardin-forêt aide à réguler les populations d’insectes nuisibles.
Astuce pratique : Laisse les canards dans les zones humides ou les potagers après la pluie, lorsqu’ils trouvent facilement des limaces et des escargots. Installe des nichoirs à oiseaux près des arbres fruitiers pour attirer les insectivores.
- Réduction des populations de rongeurs :
- Chats et rapaces : Les chats et les rapaces, comme les chouettes ou les faucons, régulent naturellement les populations de rongeurs. Cela évite que les campagnols ou les mulots ne s’attaquent aux jeunes plants ou aux racines des arbres.
- Hérissons et reptiles : Les hérissons et les serpents sont également des prédateurs naturels de petits rongeurs, ainsi que des insectes nuisibles. Leur présence favorise un équilibre naturel des populations.
Astuce pratique : Crée des abris pour les hérissons avec des tas de feuilles ou de bois dans des zones tranquilles du jardin. Laisse des perchoirs pour les rapaces autour du jardin pour encourager leur présence.
Rôles des plantes dans le jardin-forêt : habitat, alimentation et protection
Fournir des ressources alimentaires diversifiées
Les plantes du jardin-forêt fournissent des ressources alimentaires variées aux animaux, qu’ils soient sauvages ou domestiques. Cela inclut des feuilles, des fruits, des graines, et même du nectar.
- Arbres et arbustes fruitiers :
- Production de fruits et de baies : Les arbres fruitiers (pommiers, poiriers, cerisiers) et les arbustes (framboisiers, groseilliers, mûriers) produisent des fruits qui nourrissent de nombreux animaux, comme les oiseaux, les petits mammifères, mais aussi les humains.
- Nourriture pour les oiseaux et les mammifères : Les baies et les fruits tombés au sol nourrissent les oiseaux, les écureuils, les hérissons et même les poules. Cela favorise la diversité animale dans le jardin-forêt.
Astuce pratique : Plante des haies fruitières composées de sureau, d’aubépine, de prunellier et de rosiers sauvages. Elles offrent des baies pour les oiseaux et des abris pour les petits animaux. Associe-les à des plantes vivaces mellifères pour diversifier les ressources alimentaires.
- Plantes fourragères :
- Légumineuses et herbes : Des plantes comme la luzerne, le trèfle, la consoude ou la chicorée fournissent une alimentation riche en protéines pour les herbivores comme les moutons, les chèvres et les lapins. Elles sont également bénéfiques pour le sol, grâce à leur capacité à fixer l’azote.
- Graminées et couvre-sols : Les graminées comme le ray-grass ou la fétuque, ainsi que les couvre-sols comme le trèfle blanc, offrent du fourrage aux animaux tout en protégeant le sol de l’érosion.
Astuce pratique : Crée des pâturages diversifiés avec un mélange de graminées et de légumineuses pour nourrir les animaux et enrichir le sol. Alterne les zones de pâturage avec des couverts végétaux mellifères pour offrir un habitat aux pollinisateurs.
Habitat et abri pour les animaux
Les plantes jouent un rôle essentiel en fournissant des abris et des lieux de nidification pour de nombreux animaux. Cela inclut les oiseaux, les insectes, les petits mammifères et même les reptiles.
- Haies et bosquets :
- Habitat pour les oiseaux : Les haies composées d’arbustes comme le noisetier, l’aubépine ou le cornouiller fournissent des sites de nidification pour les oiseaux. Elles offrent également une protection contre les prédateurs et les intempéries.
- Refuge pour les petits mammifères : Les buissons denses et les amas de branches ou de feuilles au sol créent des abris pour les hérissons, les lapins et les musaraignes, qui trouvent refuge et nourriture dans ces micro-habitats.
Astuce pratique : Plante des haies diversifiées en bordure du jardin-forêt avec des essences locales pour créer des corridors écologiques. Laisse des zones de friche et des tas de bois morts pour offrir des abris supplémentaires aux animaux.
- Plantes grimpantes et lianes :
- Refuge pour les insectes : Les plantes grimpantes comme le lierre ou la vigne vierge fournissent des abris pour les insectes, les araignées et les petits oiseaux. Elles offrent également des lieux de repos pour les chauves-souris.
- Habitat pour les pollinisateurs : Les fleurs des plantes grimpantes, comme le chèvrefeuille ou la glycine, attirent de nombreux pollinisateurs, qui trouvent également des lieux de nidification dans les tiges creuses ou les troncs des arbres.
Astuce pratique : Utilise les plantes grimpantes pour couvrir les structures verticales, comme les pergolas ou les clôtures. Plante du lierre au pied des arbres pour créer des habitats verticaux pour les insectes et les petits animaux.
Protection contre les prédateurs et les intempéries
Les plantes fournissent une protection précieuse contre les intempéries, comme le vent ou la pluie, et offrent des abris naturels contre les prédateurs.
- Brise-vent et haies de protection :
- Réduction des vents forts : Les haies de protection, composées d’arbres et d’arbustes, réduisent la force du vent, protégeant ainsi les plantes et les animaux du jardin. Elles créent des microclimats plus favorables à la croissance des plantes sensibles.
- Abri contre les prédateurs : Les haies denses offrent des cachettes aux petits animaux et aux oiseaux, leur permettant de se protéger des prédateurs comme les rapaces ou les renards.
Astuce pratique : Plante des haies à plusieurs niveaux, avec des arbres comme le noyer ou le chêne, des arbustes comme le sureau ou le prunellier, et des plantes couvre-sol comme le lierre. Cela crée une protection efficace contre le vent et offre divers abris.
- Couvert végétal pour les zones sensibles :
- Protection contre l’érosion : Les plantes couvre-sol comme le trèfle, la luzerne ou la consoude protègent le sol de l’érosion en réduisant le ruissellement et en fixant les particules du sol avec leurs racines.
- Ombre et humidité : Les plantes à grand feuillage, comme les courges ou les tournesols, offrent de l’ombre aux petites plantes et aux animaux, réduisant l’évaporation de l’eau et maintenant un microclimat plus frais et plus humide.
Astuce pratique : Plante des couvre-sols dans les zones en pente pour prévenir l’érosion. Associe des plantes à grand feuillage avec des cultures sensibles à la sécheresse pour créer un microclimat favorable.
Stratégies pour maximiser les synergies dans un jardin-forêt
Créer des guildes végétales avec des animaux intégrés
Les guildes végétales sont des associations de plantes qui se soutiennent mutuellement. L’intégration d’animaux dans ces guildes permet de maximiser les interactions bénéfiques.
- Guildes autour des arbres fruitiers :
- Poules et arbres fruitiers : Les poules peuvent être intégrées dans une guilde d’arbres fruitiers pour se nourrir des insectes au sol, gratter et fertiliser le sol, tout en bénéficiant de l’ombre des arbres. Associe des plantes fixatrices d’azote (trèfle, luzerne) et des plantes mellifères (bourrache, consoude) pour maximiser les bénéfices.
- Lapins et arbustes : Les lapins peuvent être intégrés dans les zones d’arbustes comme les framboisiers ou les cassissiers. Ils se nourrissent des feuilles basses et des herbes sans endommager les arbustes, tout en apportant du fumier.
Astuce pratique : Crée des enclos mobiles pour les poules et les lapins autour des arbres fruitiers et des arbustes. Déplace-les régulièrement pour éviter la surconsommation de végétation et la surcharge en nutriments.
- Guildes de pâturage pour petits animaux :
- Moutons et chèvres : Intègre des moutons ou des chèvres dans des pâturages diversifiés avec des arbres fourragers (mûriers, saules) et des plantes couvre-sol (trèfle, luzerne). Cela leur offre une alimentation variée et améliore la fertilité du sol.
- Oies et pâturages : Les oies peuvent être intégrées dans les pâturages pour brouter l’herbe sans toucher aux cultures. Elles aident à contrôler les mauvaises herbes et apportent des nutriments avec leurs déjections.
Astuce pratique : Plante des arbres fourragers comme le mûrier blanc ou le saule dans les zones de pâturage. Les feuilles sont une excellente source de nourriture pour les animaux, et les arbres offrent de l’ombre et des abris.
Intégrer des plantes utiles pour les animaux
Certaines plantes sont particulièrement bénéfiques pour les animaux, que ce soit pour leur alimentation, leur santé ou leur habitat. Les intégrer dans le jardin-forêt renforce les synergies.
- Plantes médicinales et nourricières :
- Consoude : La consoude est riche en nutriments et en protéines, ce qui en fait un excellent complément pour les poules et les lapins. Elle est aussi utile pour les cataplasmes et les composts, grâce à sa forte teneur en potassium.
- Ortie : L’ortie est une plante nutritive et médicinale. Elle peut être utilisée pour nourrir les poules, les lapins et les chèvres, et est riche en vitamines et minéraux. C’est aussi un excellent fertilisant en purin.
Astuce pratique : Plante la consoude autour des arbres fruitiers et des légumes pour profiter de ses propriétés fertilisantes et attirer les pollinisateurs. Fais sécher les orties et mélange-les aux rations des animaux pour les complémenter en nutriments.
- Plantes mellifères et aromatiques :
- Lavande et thym : Ces plantes aromatiques attirent les pollinisateurs, mais sont aussi des répulsifs naturels pour certains insectes nuisibles. Elles peuvent être plantées autour des poulaillers ou des clapiers pour repousser les mouches et les puces.
- Fenouil et aneth : Ces plantes attirent les pollinisateurs et les auxiliaires comme les syrphes et les coccinelles. Elles peuvent être intégrées dans les haies ou les bordures pour maximiser leur effet bénéfique.
Astuce pratique : Plante de la lavande ou du thym autour des enclos des poules ou des clapiers des lapins pour réduire les nuisances d’insectes. Associe du fenouil ou de l’aneth avec des cultures sensibles aux pucerons pour attirer les auxiliaires.
Conclusion
Dans un jardin-forêt en permaculture, les interactions entre les animaux et les plantes sont essentielles pour créer des synergies bénéfiques. Les animaux, par leurs actions naturelles, enrichissent le sol, gèrent les populations de ravageurs et favorisent la régénération des plantes. En retour, les plantes fournissent nourriture, abri et protection, créant un écosystème résilient et productif. En intégrant les animaux de manière réfléchie dans les guildes végétales et en choisissant des plantes adaptées à leurs besoins, tu peux maximiser ces synergies pour créer un jardin-forêt harmonieux et durable. Prêt(e) à transformer ton espace en un véritable écosystème permaculturel où plantes et animaux cohabitent en symbiose ?
Pour aller plus loin :
- Quels rôles jouent les animaux dans les guildes permaculturelles et comment renforcent-ils la santé des plantes ?
- Intégrer des animaux dans une forêt-jardin pour favoriser la fertilité du sol et la biodiversité
- Comment les animaux, comme les poules ou les canards, contribuent à la gestion naturelle des ravageurs tout en enrichissant le sol ?
- Quelles plantes spécifiques bénéficient de la présence d’animaux dans une guilde permaculturelle ?
- Gérer la cohabitation entre animaux et plantes pour éviter la surconsommation ou la destruction des cultures
- Comment les interactions entre les systèmes racinaires des plantes et les déjections animales améliorent-elles la qualité du sol ?