Gérer la cohabitation entre animaux et plantes pour éviter la surconsommation ou la destruction des cultures

Dans un système permaculturel, les animaux jouent un rôle crucial en contribuant à la fertilité du sol, à la gestion des ravageurs et à l’amélioration de la biodiversité. Cependant, leur présence peut parfois être problématique si elle n’est pas bien gérée : les poules peuvent gratter et déterrer les jeunes plants, les moutons peuvent dévorer les jeunes arbres fruitiers, et les canards peuvent endommager les cultures en piétinant les plants. Il est donc essentiel de trouver un équilibre entre la présence des animaux et la protection des cultures pour maximiser les bénéfices de cette cohabitation tout en évitant les dégâts. Voici un guide détaillé sur les stratégies et les pratiques à adopter pour gérer efficacement la cohabitation entre les animaux et les plantes, avec des conseils concrets pour chaque type d’animal et de culture.

Stratégies générales pour la gestion de la cohabitation

Planification des zones de pâturage et de culture

Une bonne planification des espaces dans le jardin permaculturel est la clé pour éviter que les animaux n’endommagent les cultures. Cela implique de définir clairement les zones réservées aux animaux et celles consacrées aux plantes, en tenant compte des besoins de chacun.

  • Zonage et cloisonnement :
    • Délimitation des zones : Crée des zones spécifiques pour les animaux et les cultures, séparées par des clôtures, des haies ou des barrières naturelles. Par exemple, dédie une zone spécifique aux volailles avec des enclos mobiles et sépare-la des potagers par une haie vive ou une clôture.
    • Rotation des enclos : Utilise des enclos mobiles pour les animaux, en les déplaçant régulièrement dans différentes zones du jardin. Cela permet d’éviter le surpâturage ou le surgrattage d’un même endroit et de laisser le temps aux plantes de se régénérer.

Astuce pratique : Marque les différentes zones de ton jardin avec des repères visuels (poteaux, rubans) pour savoir où se trouvent les enclos mobiles à chaque saison. Alterne les enclos des animaux et les zones de culture pour qu’ils ne restent pas trop longtemps dans le même espace.

  • Cultures protégées et zones tampons :
    • Plantes résilientes en bordure : Plante des cultures résilientes ou peu appétissantes en bordure des zones animales, comme le romarin, la lavande ou les consoudes. Cela crée une zone tampon qui protège les cultures plus vulnérables.
    • Barrières végétales : Utilise des haies vives d’arbustes épineux (aubépine, prunellier) ou des plantes répulsives (tanaisie, absinthe) pour délimiter les zones animales des zones cultivées. Cela limite l’accès des animaux tout en offrant des habitats pour les auxiliaires.

Astuce pratique : Plante des haies mixtes composées d’arbustes fruitiers et d’arbustes épineux pour créer une barrière efficace entre les enclos d’animaux et les cultures. Laisse une bande d’herbe ou de plantes couvre-sol entre les haies et les cultures pour éviter que les animaux ne grattent près des racines.

Utilisation d’enclos mobiles et de clôtures adaptées

Les enclos mobiles et les clôtures sont des outils essentiels pour gérer la cohabitation entre animaux et plantes. Ils permettent de contrôler les mouvements des animaux et d’éviter qu’ils n’accèdent aux cultures sensibles.

  • Enclos mobiles pour volailles :
    • Poulaillers mobiles : Utilise des poulaillers mobiles ou des filets de volaille pour déplacer les poules dans différentes parties du jardin. Cela permet de les laisser fertiliser et aérer le sol sans qu’elles ne restent trop longtemps au même endroit.
    • Clôtures basses et filet de protection : Utilise des clôtures basses ou des filets légers pour délimiter les zones où les poules ne doivent pas aller, comme les jeunes cultures ou les massifs de fleurs. Les filets doivent être suffisamment hauts pour empêcher les poules de voler par-dessus.

Astuce pratique : Déplace les enclos mobiles des poules toutes les semaines pour qu’elles ne surgrattent pas la même zone. Utilise des filets électriques mobiles si les poules sont tentées de s’échapper pour protéger les zones de culture.

  • Parcelles rotatives pour les herbivores :
    • Parcelles de pâturage rotatif : Pour les animaux de plus grande taille comme les moutons ou les chèvres, pratique le pâturage rotatif. Divise la zone de pâturage en plusieurs parcelles et déplace les animaux d’une parcelle à l’autre tous les 7 à 14 jours. Cela empêche le surpâturage et permet aux plantes de se régénérer.
    • Clôtures robustes : Utilise des clôtures robustes et suffisamment hautes pour contenir les chèvres, qui sont souvent capables de sauter ou d’escalader. Pour les moutons, une clôture électrifiée peut être utile pour les dissuader de passer dans les zones interdites.

Astuce pratique : Crée plusieurs petites parcelles avec des clôtures légères et mobiles. Alterne les animaux entre ces parcelles en fonction de la croissance des plantes. Plante des arbres fourragers, comme le mûrier ou le saule, dans les zones de pâturage pour offrir une alimentation supplémentaire et de l’ombre.

Gestion de la cohabitation entre les poules et les cultures

Limiter les dégâts causés par le grattage et le fouissage

Les poules aiment gratter le sol pour chercher des insectes, ce qui peut endommager les racines des jeunes plantes et déterrer les semis. Il est essentiel de limiter leur accès aux cultures sensibles.

  • Protections pour les jeunes plants et les semis :
    • Filets de protection : Couvre les zones semées ou les jeunes plants avec des filets fins ou des cages légères. Cela empêche les poules de gratter le sol et de déterrer les jeunes pousses.
    • Clôtures basses autour des plates-bandes : Installe des clôtures basses (30 à 50 cm) autour des plates-bandes ou des rangs de cultures sensibles. Cela dissuade les poules d’entrer tout en étant facile à déplacer pour accéder aux cultures.

Astuce pratique : Utilise des cloches en plastique ou en métal pour protéger les semis les plus fragiles. Couvre les zones récemment semées avec des planches ou des grillages posés à même le sol jusqu’à ce que les graines aient germé et que les plants soient établis.

  • Barrières naturelles et bordures :
    • Plantes répulsives : Plante des herbes aromatiques comme le thym, le romarin ou la lavande en bordure des plates-bandes. Ces plantes, moins appréciées des poules, peuvent les dissuader de s’approcher des cultures.
    • Paillages dissuasifs : Utilise des paillages grossiers comme des copeaux de bois ou des branches coupées pour rendre le grattage moins attrayant. Les poules préfèrent les sols nus ou les paillis fins pour gratter.

Astuce pratique : Place des branches épineuses (ronces, branches de rosier) en paillage autour des jeunes arbres ou des cultures sensibles. Cela dissuade les poules de gratter et de s’approcher des racines.

Maximiser les bénéfices des poules sans endommager les cultures

Les poules peuvent être des alliées précieuses pour la gestion des ravageurs et la fertilisation du sol. Il est possible de les intégrer dans le jardin sans qu’elles ne causent de dommages.

  • Rotation des poules dans le potager :
    • Avant la plantation : Laisse les poules gratter et fertiliser les zones du potager avant la plantation. Elles consommeront les graines d’adventices, les insectes nuisibles et aéreront le sol, tout en apportant des nutriments avec leurs déjections.
    • Après la récolte : Permets aux poules de revenir dans les zones du potager après la récolte. Elles nettoieront les restes de culture et les ravageurs résiduels, préparant le sol pour les cultures suivantes.

Astuce pratique : Utilise des enclos mobiles pour les poules que tu déplaces régulièrement dans le potager. Cela leur permet de travailler le sol sans qu’elles n’endommagent les jeunes cultures.

  • Poulaillers intégrés aux vergers :
    • Sous les arbres fruitiers : Laisse les poules se déplacer librement sous les arbres fruitiers. Elles consommeront les insectes nuisibles et les fruits tombés, limitant ainsi les maladies. Leurs déjections fertiliseront le sol autour des arbres.
    • Gestion des ravageurs du sol : Les poules grattent le sol et déterrent les larves de ravageurs comme le carpocapse ou les coléoptères. Cela réduit les populations de ces nuisibles avant qu’ils n’atteignent les fruits.

Astuce pratique : Installe des abris ou des zones d’ombre pour les poules dans les vergers pour qu’elles se sentent en sécurité et restent dans cette zone. Utilise des enclos temporaires autour des jeunes arbres pour éviter que les poules ne les grattent trop près.

Gestion de la cohabitation entre les canards et les cultures

Prévenir les dommages par piétinement et surpâturage

Les canards, en particulier les races plus lourdes, peuvent endommager les cultures en les piétinant. Leur amour des zones humides et des limaces peut être à double tranchant s’ils ne sont pas correctement gérés.

  • Protection des jeunes plants :
    • Filets et clôtures basses : Utilise des filets légers ou des clôtures basses pour protéger les jeunes plants des canards. Ces protections doivent être suffisamment robustes pour résister au poids des canards mais faciles à déplacer.
    • Paillages et couvertures : Couvre les zones semées ou les jeunes plantes avec des paillages lourds ou des planches. Les canards auront plus de difficulté à les déplacer et cela protégera les semis.

Astuce pratique : Utilise des planches ou des pierres plates pour créer des chemins à travers les zones de semis. Les canards utiliseront ces chemins pour se déplacer sans piétiner les jeunes plants.

  • Gestion des zones humides :
    • Bassin séparé des cultures : Crée des zones humides ou des bassins séparés des zones de culture principale. Les canards s’y rendront pour se nourrir et se baigner sans endommager les cultures sensibles. Entoure les bassins de plantes aquatiques résistantes comme la menthe aquatique ou le carex.
    • Couvre-sol résistant : Dans les zones de passage des canards, utilise des plantes couvre-sol résistantes comme le trèfle blanc ou la menthe, qui résistent bien au piétinement tout en offrant une couverture végétale dense.

Astuce pratique : Plante des bordures de plantes robustes autour des points d’eau pour éviter que les canards n’accèdent trop facilement aux zones de culture. Utilise des grilles ou des treillis pour protéger les plantes plus fragiles dans les zones humides.

Utilisation stratégique des canards pour la gestion des ravageurs

Les canards, en particulier les races légères comme les coureurs indiens, sont excellents pour gérer les populations de limaces et d’escargots. Il est possible de maximiser leur impact tout en protégeant les cultures.

  • Patrouille des zones sensibles aux limaces :
    • Après la pluie : Laisse les canards se déplacer dans les zones du potager après la pluie, lorsque les limaces et les escargots sont les plus actifs. Cela aide à réduire les populations avant qu’elles n’atteignent les jeunes plantes.
    • Culture de salades et de fraises : Les salades et les fraises sont particulièrement sensibles aux attaques de limaces. Intègre les canards dans ces zones avant la plantation ou après la récolte pour nettoyer le sol des œufs et des limaces adultes.

Astuce pratique : Utilise des enclos mobiles pour diriger les canards dans les zones les plus touchées par les limaces. Déplace-les régulièrement pour éviter le surpâturage et les dommages aux jeunes plants.

  • Utilisation dans les zones de permaculture aquatique :
    • Intégration dans les systèmes de mare : Les canards peuvent être intégrés dans les systèmes de mares permaculturelles où ils se nourrissent des larves d’insectes aquatiques et des limaces autour des berges. Cela aide à réguler les populations de moustiques et d’insectes aquatiques nuisibles.
    • Association avec les plantes aquatiques : Associe les canards avec des plantes aquatiques comme la menthe aquatique ou les carex. Les canards limitent les populations de ravageurs autour des plantes aquatiques sans nuire à leur croissance.

Astuce pratique : Crée des zones de repos et d’abris près des mares pour encourager les canards à rester dans ces zones. Plante des herbes hautes ou des bambous le long des berges pour offrir de l’ombre et un habitat naturel.

Gestion de la cohabitation entre les herbivores et les cultures pérennes

Protéger les jeunes arbres et les arbustes

Les herbivores, comme les moutons ou les chèvres, peuvent causer des dégâts importants en broutant les jeunes arbres ou en écorçant les troncs. Il est crucial de protéger les cultures pérennes, surtout les jeunes arbres fruitiers.

  • Protections physiques :
    • Manchons et grillages : Utilise des manchons protecteurs ou des grillages autour des jeunes arbres pour éviter que les chèvres ou les moutons ne les broutent ou n’écorchent les troncs. Ces protections doivent être suffisamment hautes pour empêcher l’accès aux branches basses.
    • Clôtures électriques : Utilise des clôtures électriques pour dissuader les herbivores d’entrer dans les zones de jeunes plantations. Cela est particulièrement efficace pour les chèvres, qui peuvent être difficiles à contenir avec des clôtures classiques.

Astuce pratique : Installe des protections autour des jeunes arbres dès leur plantation pour qu’ils soient protégés dès le départ. Vérifie régulièrement les manchons et les grillages pour t’assurer qu’ils ne sont pas endommagés ou déplacés.

  • Barrières végétales :
    • Plantes répulsives : Plante des plantes répulsives comme le sureau, l’absinthe ou la fougère en bordure des zones de jeunes arbres. Ces plantes dissuadent les herbivores tout en offrant un abri et une protection supplémentaire.
    • Haies protectrices : Crée des haies mixtes composées d’arbustes épineux (aubépine, prunellier) autour des jeunes plantations. Ces haies servent de barrière physique et dissuasive tout en améliorant la biodiversité.

Astuce pratique : Plante des haies mixtes autour des jeunes vergers ou des arbustes fruitiers. Intègre des plantes mellifères et des fixateurs d’azote pour renforcer la fertilité du sol et la biodiversité.

Pratiques de pâturage rotatif pour éviter le surpâturage

Le pâturage rotatif permet de gérer les animaux herbivores sans qu’ils n’endommagent les cultures pérennes. Cela implique de déplacer les animaux entre différentes parcelles pour permettre à la végétation de se régénérer.

  • Division en parcelles :
    • Parcelles de taille réduite : Divise les pâturages en petites parcelles avec des clôtures mobiles. Déplace les animaux d’une parcelle à l’autre tous les 7 à 14 jours, en fonction de la croissance de la végétation. Cela empêche le surpâturage et laisse le temps aux plantes de repousser.
    • Alternance des espèces animales : Alterne différentes espèces animales dans les mêmes parcelles (par exemple, moutons suivis de volailles). Chaque espèce consomme des types de végétation différents, ce qui permet de gérer la végétation de manière plus équilibrée.

Astuce pratique : Planifie les rotations de pâturage en fonction de la saison et de la croissance des plantes. Utilise des clôtures légères et mobiles pour faciliter les déplacements et minimiser le stress pour les animaux.

  • Incorporation d’arbres fourragers :
    • Arbres à croissance rapide : Plante des arbres fourragers comme le mûrier blanc, le saule ou l’aulne dans les zones de pâturage. Ils fournissent de l’ombre, du fourrage et améliorent la fertilité du sol grâce à leur capacité à fixer l’azote.
    • Protection des arbres : Utilise des protections autour des arbres fourragers pour éviter qu’ils ne soient broutés excessivement. Cela permet aux arbres de se développer et de fournir une source de fourrage durable.

Astuce pratique : Plante des bandes d’arbres fourragers à intervalles réguliers dans les pâturages pour offrir de l’ombre et du fourrage supplémentaire. Utilise des filets ou des grillages autour des jeunes arbres pour les protéger pendant leur croissance.

Conclusion

Gérer la cohabitation entre les animaux et les plantes dans un système permaculturel demande une planification minutieuse et l’utilisation de stratégies adaptées pour éviter la surconsommation ou la destruction des cultures. En intégrant des enclos mobiles, des clôtures adaptées, des protections physiques et des rotations de pâturage, il est possible de profiter des nombreux bénéfices apportés par les animaux tout en protégeant les cultures. Avec ces pratiques, tu crées un écosystème harmonieux et résilient, où chaque élément joue un rôle bénéfique pour l’ensemble. Prêt(e) à mettre en place ces stratégies pour une cohabitation réussie entre tes plantes et tes animaux ?

Pour aller plus loin :