Comment les déchets des animaux peuvent être recyclés dans le système pour améliorer la fertilité du sol ?

Dans un système permaculturel, les déchets des animaux — qu’il s’agisse d’excréments, de restes alimentaires ou de litière usagée — représentent une ressource précieuse pour enrichir le sol, boucler les cycles de nutriments et réduire la dépendance aux engrais chimiques. Utilisés correctement, ces matières organiques favorisent l’activité microbienne, améliorent la structure du sol et soutiennent la croissance des plantes. Voici comment recycler ces ressources de manière efficace pour améliorer la fertilité du sol, tout en maintenant un écosystème sain et équilibré.

Compostage des déjections animales : un engrais naturel riche en nutriments

Compostage classique : transformation des excréments en un humus fertile

Le compostage est l’une des méthodes les plus efficaces pour recycler les déjections animales. En mélangeant les excréments avec des matières carbonées (paille, feuilles mortes), on crée un compost riche en nutriments qui améliore la structure et la fertilité du sol.

  • Quelles matières composter ?
    Les déjections de ruminants (moutons, vaches, chèvres) et de volailles (poules, canards) sont particulièrement adaptées au compostage. Elles sont riches en azote, un nutriment essentiel pour la croissance des plantes.
    • Fumier de ruminants : Riche en matière organique et en nutriments, il se décompose lentement et enrichit le sol sur le long terme.
    • Fientes de volailles : Très riches en azote, elles sont puissantes et doivent être compostées avant utilisation pour éviter de brûler les plantes.
  • Pratiques recommandées :
    • Mélange équilibré : Combine les déjections animales avec des matières carbonées comme la paille, les feuilles mortes ou les copeaux de bois. Un bon rapport est de 2 à 3 parts de matières carbonées pour 1 part de matières azotées (déjections).
    • Aération et humidité : Retourne régulièrement le tas de compost pour assurer une bonne aération et accélérer la décomposition. Maintiens le tas légèrement humide, comme une éponge essorée.

Astuce pratique : Place les tas de compost près des enclos ou des pâturages pour faciliter le transport des déjections. Utilise des clôtures en bois ou en grillage pour protéger le tas des animaux curieux.

  • Effet bénéfique sur le sol :
    • Amélioration de la structure : Le compost améliore la capacité du sol à retenir l’eau et les nutriments, favorisant une meilleure croissance des plantes.
    • Enrichissement en nutriments : Le compost fournit un apport équilibré en azote, phosphore et potassium, essentiels à la croissance des plantes.
    • Augmentation de la biodiversité : En nourrissant les micro-organismes du sol, le compost stimule l’activité microbienne et la biodiversité, créant un sol vivant et résilient.

Astuce pratique : Applique le compost mûr autour des arbres fruitiers, des haies ou dans les potagers en fin de saison pour préparer le sol pour la saison suivante. Utilise-le également pour créer des buttes de culture ou enrichir les parcelles en jachère.

Vermicompostage : recycler les déchets alimentaires et les déjections légères

Le vermicompostage est une méthode efficace pour recycler les déchets alimentaires et les petites déjections, comme celles des lapins ou des volailles, grâce à l’action des vers de terre. Le produit final, appelé vermicompost, est un engrais riche et équilibré, idéal pour les semis et les jeunes plantes.

  • Quelles matières vermicomposter ?
    Les restes de cuisine (épluchures, fruits et légumes abîmés), les crottes de lapins et les fientes de volailles (en petite quantité) sont parfaits pour le vermicompostage. Les matières trop riches en azote (comme les fientes fraîches) doivent être mélangées à des matières carbonées (papier, carton) pour éviter d’acidifier le milieu.
    • Restes alimentaires : Épluchures, marc de café, coquilles d’œuf broyées.
    • Déjections légères : Crottes de lapins, fientes de poules en petites quantités, mélangées avec du carton ou du papier déchiqueté.
  • Pratiques recommandées :
    • Bac à vermicompost : Utilise un bac à vermicompostage avec un bon drainage et des couches alternées de matières azotées et carbonées. Ajoute des vers de terre (vers rouges, Eisenia fetida) pour accélérer la décomposition.
    • Maintien de l’humidité et de la température : Garde le milieu humide mais pas détrempé, et protège le bac des températures extrêmes (entre 15 et 25 °C est idéal).

Astuce pratique : Installe le bac à vermicompost à l’ombre, dans un endroit abrité. Couvre-le d’un tissu respirant pour protéger les vers de la lumière et des prédateurs.

  • Effet bénéfique sur le sol :
    • Amélioration de la fertilité : Le vermicompost est particulièrement riche en nutriments facilement assimilables par les plantes, idéal pour les semis et les plantes en pot.
    • Stimulation de la vie microbienne : Le vermicompost contient une grande quantité de micro-organismes bénéfiques qui améliorent la santé du sol et la résistance des plantes aux maladies.
    • Amélioration de la structure du sol : En ajoutant du vermicompost, on améliore la structure du sol, augmentant sa capacité de rétention d’eau et d’air, favorisant ainsi un bon enracinement des plantes.

Astuce pratique : Utilise le vermicompost comme engrais pour les semis ou les jeunes plants. Mélange-le avec de la terre pour créer un terreau riche et équilibré, idéal pour les cultures en pot ou les bacs de jardinage.

Utilisation des déchets animaux frais : paillage, engrais liquide et litière

Paillage avec fumier frais : protection du sol et libération progressive des nutriments

Le fumier frais peut être utilisé comme paillage autour des cultures pérennes (arbres fruitiers, haies, vignes) pour améliorer la structure du sol, limiter l’évaporation de l’eau et fournir des nutriments de manière progressive.

  • Quelles matières utiliser ?
    Le fumier de ruminants (moutons, chèvres, vaches) et les crottes de lapins sont particulièrement adaptés au paillage. Les fientes de volailles sont trop riches en azote et doivent être compostées avant d’être utilisées comme paillage.
    • Fumier de ruminants : Bonne source de matière organique et de nutriments. Utilisé en couche fine pour éviter la fermentation.
    • Crottes de lapins : Douces et riches en nutriments, elles se décomposent lentement et fertilisent le sol sur le long terme.
  • Pratiques recommandées :
    • Application en couche fine : Applique une couche de fumier frais autour des cultures pérennes, en évitant le contact direct avec les troncs ou les tiges. Couvre le fumier avec du paillis (paille, feuilles mortes) pour éviter les mauvaises odeurs et favoriser la décomposition.
    • Paillage de zones non cultivées : Utilise le fumier frais pour pailler les zones non cultivées ou les bandes enherbées. Cela nourrit le sol en profondeur et prépare les parcelles pour les futures cultures.

Astuce pratique : Utilise le fumier frais autour des haies ou des arbres en hiver pour qu’il se décompose lentement pendant la saison froide. Cela protège le sol du gel et enrichit la terre pour la reprise de croissance au printemps.

  • Effet bénéfique sur le sol :
    • Protection contre l’érosion : Le paillage protège le sol des intempéries, limite le lessivage des nutriments et prévient l’érosion.
    • Libération progressive des nutriments : En se décomposant lentement, le fumier frais libère progressivement les nutriments, améliorant la fertilité du sol sur le long terme.
    • Amélioration de la structure du sol : Le paillage avec du fumier améliore la structure du sol, augmentant sa capacité à retenir l’eau et à favoriser l’activité des vers de terre.

Astuce pratique : Alterne les paillages de fumier avec des paillages végétaux (paille, feuilles mortes) pour éviter l’accumulation excessive de nutriments. Utilise le paillage de fumier principalement sur les cultures pérennes ou les zones en jachère.

Thé de compost ou purin : engrais liquide pour nourrir les plantes

Le thé de compost et le purin sont des engrais liquides fabriqués à partir de compost ou de fumier frais. Ils sont riches en nutriments et en micro-organismes bénéfiques pour les plantes. Ils peuvent être utilisés en arrosage ou en pulvérisation foliaire pour stimuler la croissance des plantes.

  • Quelles matières utiliser ?
    Le fumier de ruminants (vaches, moutons) et les fientes de volailles peuvent être utilisés pour préparer des purins. Le compost mature peut être utilisé pour préparer du thé de compost.
    • Fumier de ruminants : Idéal pour préparer du purin riche en nutriments. Laisse fermenter pendant 2 à 4 semaines.
    • Fientes de volailles : Utilise en petites quantités pour éviter l’excès d’azote. Dilue bien avant application.
  • Pratiques recommandées :
    • Préparation du purin : Remplis un seau à moitié de fumier et d’eau de pluie. Laisse fermenter pendant 2 à 4 semaines, en remuant de temps en temps. Filtre le purin avant utilisation.
    • Application : Dilue le purin (1 part de purin pour 10 parts d’eau) et arrose les plantes en début de saison ou pendant la croissance active. Utilise le thé de compost en pulvérisation foliaire pour stimuler l’immunité des plantes.

Astuce pratique : Prépare le purin dans des seaux couverts ou des bidons pour limiter les mauvaises odeurs. Utilise des pulvérisateurs ou des arrosoirs pour appliquer le purin sur les plantes.

  • Effet bénéfique sur le sol et les plantes :
    • Apport rapide de nutriments : Le purin et le thé de compost fournissent rapidement des nutriments aux plantes, stimulant leur croissance et leur vigueur.
    • Amélioration de la résistance aux maladies : Les micro-organismes présents dans le thé de compost renforcent la résistance des plantes aux maladies et aux ravageurs.
    • Amélioration de la structure du sol : En nourrissant les micro-organismes du sol, les engrais liquides améliorent la structure et la fertilité du sol.

Astuce pratique : Utilise le purin principalement sur les légumes-feuilles et les cultures gourmandes (tomates, courgettes). Évite de l’appliquer sur les jeunes semis ou les plantes sensibles à l’excès d’azote.

Litière usagée : recycler les déchets de litière pour enrichir le compost ou le paillis

La litière usagée, composée de paille, de copeaux de bois ou de feuilles, mélangée aux déjections animales, est une ressource précieuse pour le compostage ou le paillage.

  • Quelles matières utiliser ?
    La litière de ruminants (moutons, chèvres, vaches), de volailles (poules, canards) et de lapins peut être utilisée pour le compostage ou le paillage. La litière doit être composée de matières carbonées comme la paille, les copeaux de bois ou les feuilles mortes.
    • Paille : Bonne matière carbonée, se décompose lentement et améliore la structure du compost.
    • Copeaux de bois : Excellents pour aérer le compost, se décomposent lentement, parfaits pour les litières profondes.
    • Feuilles mortes : Se décomposent rapidement, riches en nutriments, idéales pour équilibrer le compost.
  • Pratiques recommandées :
    • Compostage de la litière usagée : Mélange la litière usagée avec des matières azotées (déchets de cuisine, fientes de poules) pour créer un compost équilibré. Retourne le tas régulièrement pour aérer et accélérer la décomposition.
    • Paillage avec la litière usagée : Utilise la litière usagée en paillage autour des arbres ou des haies. Couvre avec une couche de feuilles ou de paille pour favoriser la décomposition.

Astuce pratique : Crée des tas de compost séparés pour la litière de volailles et celle de ruminants, car les temps de décomposition peuvent varier. Utilise la litière usagée pour pailler les zones peu sensibles comme les haies ou les bandes enherbées.

  • Effet bénéfique sur le sol :
    • Amélioration de la rétention d’eau : Le compost à base de litière améliore la capacité du sol à retenir l’eau, réduisant ainsi le besoin d’irrigation.
    • Stimulation de la vie microbienne : La litière, riche en matière organique, nourrit les micro-organismes du sol, favorisant la santé et la fertilité du sol.
    • Réduction de l’érosion : Le paillage avec la litière usagée protège le sol des intempéries, limitant l’érosion et le lessivage des nutriments.

Astuce pratique : Utilise la litière usagée des volailles en petite quantité dans le compost, car elle est très riche en azote. Complète avec des matières carbonées pour éviter les déséquilibres. Pour la litière de ruminants, laisse-la composter pendant 6 mois à 1 an avant de l’utiliser comme paillis.

Techniques complémentaires pour maximiser l’utilisation des déchets animaux

Méthanisation : production de biogaz et fertilisant

La méthanisation est un processus de décomposition anaérobie des matières organiques qui produit du biogaz (méthane) et un résidu solide, le digestat, riche en nutriments.

  • Quelles matières méthaniser ?
    Les déjections de ruminants, les fientes de volailles et les déchets alimentaires peuvent être utilisés pour la méthanisation. Le digestat produit est un excellent fertilisant.
    • Fumier de vaches et de moutons : Riche en matière organique, idéal pour la production de biogaz.
    • Fientes de volailles : Très riches en azote, elles nécessitent un pré-traitement pour éviter les excès de nutriments dans le digestat.
  • Pratiques recommandées :
    • Installation d’un digesteur : Installe un petit digesteur domestique pour traiter les déjections animales et produire du biogaz pour la cuisine ou le chauffage.
    • Utilisation du digestat : Applique le digestat comme fertilisant liquide sur les cultures maraîchères ou les vergers, en le diluant si nécessaire pour éviter les excès de nutriments.

Astuce pratique : Mélange les fientes de volailles avec du fumier de ruminants pour équilibrer le rapport carbone/azote dans le digesteur. Utilise le biogaz produit pour chauffer les serres ou les bâtiments d’élevage.

  • Effet bénéfique sur le sol :
    • Fertilisation naturelle : Le digestat est riche en nutriments facilement assimilables par les plantes, idéal pour les cultures gourmandes.
    • Amélioration de la structure du sol : Le digestat, riche en matière organique, améliore la structure et la capacité de rétention d’eau du sol.

Astuce pratique : Utilise le digestat pour préparer des buttes de culture ou enrichir les zones de plantation des arbres fruitiers. Dilue-le avant utilisation pour éviter de sur-fertiliser les jeunes plantes.

Gestion des déchets de cuisine : intégration dans le compostage et l’alimentation animale

Les restes alimentaires, souvent considérés comme des déchets, peuvent être intégrés dans le système pour nourrir les animaux ou enrichir le compost.

  • Quels déchets utiliser ?
    Les restes de légumes, les fruits abîmés, les coquilles d’œuf et le marc de café peuvent être utilisés pour nourrir certains animaux ou être compostés.
    • Restes végétaux : Conviennent pour nourrir les poules, les canards et les lapins.
    • Marc de café et coquilles d’œuf : Idéals pour le compostage, ils apportent des nutriments et améliorent la texture du sol.
  • Pratiques recommandées :
    • Nourriture pour les animaux : Donne les restes de légumes aux poules ou aux lapins. Les fruits peuvent être consommés par les cochons ou les ruminants.
    • Intégration dans le compost : Ajoute les restes de cuisine au compost, en les mélangeant avec des matières carbonées pour équilibrer le rapport carbone/azote.

Astuce pratique : Utilise des seaux pour collecter les restes de cuisine et les distribuer aux animaux ou les intégrer dans le compost. Laisse les poules ou les canards accéder aux tas de compost pour qu’ils consomment les insectes et les restes de nourriture.

  • Effet bénéfique sur le sol :
    • Apport en nutriments : Les restes de cuisine apportent des nutriments variés au compost, enrichissant le sol en minéraux essentiels.
    • Réduction des déchets : En intégrant les restes alimentaires dans le compost ou l’alimentation animale, on réduit les déchets ménagers et on valorise ces ressources.

Astuce pratique : Pré-composte les restes alimentaires dans un bac spécifique avant de les ajouter au compost principal. Cela permet d’éviter les mauvaises odeurs et d’accélérer la décomposition.

Synergies avec les plantes : intégration des déchets dans des guildes permaculturelles

Les déchets animaux peuvent être utilisés pour soutenir les guildes permaculturelles, où les plantes et les animaux interagissent de manière synergique pour maximiser la productivité et la santé du sol.

  • Quelles guildes créer ?
    Associe les arbres fruitiers, les plantes fixes d’azote, les légumes-racines et les herbes aromatiques pour créer des guildes résilientes et productives.
    • Arbres fruitiers et poules : Les poules, en grattant le sol, consomment les insectes et fertilisent les arbres avec leurs fientes.
    • Légumes-racines et lapins : Les crottes de lapins, riches en nutriments, nourrissent les légumes-racines et améliorent la structure du sol.
  • Pratiques recommandées :
    • Incorporation des déjections : Utilise les déjections des poules comme engrais pour les arbres fruitiers. Intègre les crottes de lapins dans le sol autour des légumes-racines.
    • Paillage vivant : Plante des engrais verts ou des couvre-sols autour des guildes pour absorber les nutriments et protéger le sol.

Astuce pratique : Laisse les animaux circuler autour des guildes en fin de saison pour qu’ils nettoient le sol et fertilisent les plantes. Utilise des clôtures mobiles pour guider leur action et protéger les jeunes plants.

  • Effet bénéfique sur le sol :
    • Fertilisation naturelle : Les déjections des animaux apportent des nutriments directement aux plantes, sans besoin d’intrants extérieurs.
    • Amélioration de la résilience du système : Les guildes permaculturelles, soutenues par les déjections animales, sont plus résilientes aux stress environnementaux et aux maladies.

Astuce pratique : Associe les poules avec des plantes répulsives comme la lavande ou le romarin pour éloigner les insectes nuisibles. Plante des légumineuses autour des arbres pour fixer l’azote et améliorer la fertilité du sol.

Conclusion

Les déchets animaux, souvent perçus comme un problème, sont en réalité une ressource précieuse dans un système permaculturel. Qu’il s’agisse de compostage, de vermicompostage, de paillage ou de méthanisation, il existe de nombreuses façons de recycler les excréments, les restes alimentaires et la litière pour améliorer la fertilité du sol et boucler les cycles de nutriments. En intégrant ces pratiques dans ton système, tu peux non seulement enrichir le sol, mais aussi réduire les déchets et créer un écosystème plus sain et plus productif. Prêt(e) à transformer ces « déchets » en or brun pour nourrir ton jardin et soutenir la croissance de tes plantes ?

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