Comment les sols dégradés par les changements climatiques peuvent-ils être restaurés pour retrouver leur fertilité en permaculture ?

Les sols dégradés par les changements climatiques présentent des défis considérables pour la fertilité et la durabilité des écosystèmes agricoles. Cette dégradation peut résulter de plusieurs facteurs liés au changement climatique, tels que l’érosion, la perte de matière organique, la compaction, l’acidification, et la réduction de la biodiversité microbienne. En permaculture, où l’on cherche à créer des systèmes résilients et régénératifs, il est essentiel de mettre en œuvre des stratégies spécifiques pour restaurer ces sols dégradés et leur redonner leur capacité à soutenir une croissance végétale saine et durable. Voici comment procéder pour restaurer la fertilité des sols dégradés sous l’angle « sol et fertilité et sol et changement climatique« .

Restauration de la matière organique : redonner vie au sol

L’un des premiers aspects à traiter dans la restauration des sols dégradés est la perte de matière organique, qui est essentielle pour la fertilité du sol. La matière organique améliore la structure du sol, favorise la rétention d’eau, et soutient une biodiversité microbienne riche.

  • Apport massif de compost : Le compostage est une méthode clé pour restaurer la matière organique dans les sols dégradés. Le compost bien décomposé fournit des nutriments essentiels, améliore la structure du sol, et augmente la capacité de rétention d’eau du sol.
    • Pratique : Applique du compost en surface ou incorpore-le légèrement dans les couches supérieures du sol, en utilisant des quantités généreuses (jusqu’à 5 à 10 cm d’épaisseur). Répète cette application chaque année pour maintenir un apport constant de matière organique.

  • Incorporation de matières organiques vertes : Les engrais verts, comme la luzerne, le trèfle, ou la moutarde, sont des plantes cultivées spécifiquement pour être enfouies dans le sol. Ces plantes ajoutent de la matière organique fraîche, améliorent la structure du sol, et stimulent l’activité microbienne.
    • Impact sur la fertilité : En enfouissant des engrais verts avant qu’ils ne montent en graines, tu enrichis le sol en matière organique facilement décomposable, ce qui favorise la fertilité et la rétention des nutriments à long terme.

  • Utilisation de biochar : Le biochar est une forme de carbone stable produite par pyrolyse (combustion sans oxygène) de la biomasse. Il peut être ajouté au sol pour augmenter la matière organique stable, améliorer la rétention des nutriments, et favoriser la vie microbienne.
    • Pratique : Mélange du biochar avec du compost avant de l’incorporer dans le sol pour maximiser ses effets bénéfiques. Le biochar reste stable dans le sol pendant des siècles, contribuant à la restauration durable de la fertilité du sol.

Amélioration de la structure du sol : restaurer la porosité et la capacité de rétention d’eau

Les sols dégradés sont souvent compactés ou érodés, ce qui réduit leur porosité, leur capacité de rétention d’eau, et leur aération. Restaurer la structure du sol est crucial pour redonner au sol sa fertilité.

  • Aération douce du sol : L’utilisation d’outils de culture douce, comme la grelinette ou la fourche bêche, permet d’aérer le sol en profondeur sans perturber ses couches. Cela aide à décompacter le sol, améliore la circulation de l’eau et de l’air, et favorise l’enracinement des plantes.
    • Impact sur la fertilité : Un sol bien aéré est plus fertile car il permet aux racines de s’étendre plus profondément, améliore l’accès à l’eau et aux nutriments, et soutient une activité microbienne plus dynamique.

  • Construction de buttes et de terrasses : Pour les sols érodés ou en pente, la création de buttes ou de terrasses est une méthode efficace pour restaurer la structure du sol. Ces aménagements ralentissent le ruissellement de l’eau, favorisent son infiltration, et préviennent l’érosion.
    • Pratique : Construis des buttes de culture ou des terrasses en suivant les courbes de niveau. Remplis ces structures de matières organiques comme des résidus de culture, du compost, et du paillis pour enrichir le sol et améliorer sa structure.

  • Couverture végétale permanente : Une couverture végétale permanente, comme des plantes couvre-sol ou des prairies permanentes, protège le sol de l’érosion, améliore la structure du sol, et favorise la biodiversité souterraine.
    • Impact sur la fertilité : Les racines des plantes couvre-sol pénètrent le sol en profondeur, aidant à décompacter et à stabiliser la structure du sol. Cela améliore la capacité du sol à retenir l’eau et les nutriments, ce qui est essentiel pour restaurer la fertilité à long terme.

Restauration de la vie microbienne : régénérer l’écosystème souterrain

La biodiversité microbienne est essentielle pour un sol fertile. Les sols dégradés par le changement climatique ont souvent perdu une partie de leur biodiversité microbienne, ce qui nuit à la santé des plantes et à la résilience du sol.

  • Application de compost riche en micro-organismes : Le compostage non seulement ajoute de la matière organique, mais il introduit également une large gamme de micro-organismes bénéfiques dans le sol. Ces micro-organismes jouent un rôle crucial dans le cycle des nutriments, la décomposition de la matière organique, et la lutte contre les pathogènes du sol.
    • Pratique : Utilise du compost bien mûr, idéalement préparé à partir d’une grande variété de matières végétales et animales, pour maximiser la diversité microbienne. Applique-le régulièrement pour soutenir une population microbienne active.

  • Inoculation mycorhizienne : Les champignons mycorhiziens forment des symbioses avec les racines des plantes, améliorant l’absorption des nutriments et la tolérance aux stress, comme la sécheresse. L’inoculation du sol avec des mycorhizes peut être particulièrement bénéfique pour les sols dégradés.
    • Impact sur la fertilité : Les mycorhizes augmentent la surface d’absorption des racines, facilitent l’accès au phosphore et à d’autres nutriments essentiels, et améliorent la résistance des plantes au stress. Cela contribue à la restauration de la fertilité et à la résilience du sol.

  • Utilisation de thés de compost et de biofertilisants : Les thés de compost sont des solutions liquides riches en micro-organismes bénéfiques, fabriquées en infusant du compost dans de l’eau aérée. Ces thés peuvent être appliqués au sol pour augmenter rapidement la population microbienne.
    • Pratique : Prépare du thé de compost en infusant du compost de haute qualité dans de l’eau pendant 24 à 48 heures, puis applique-le au sol ou en pulvérisation foliaire. Cela régénère la vie microbienne dans le sol, améliorant ainsi sa fertilité.

Gestion de l’eau : restaurer l’hydratation et prévenir l’érosion

La gestion efficace de l’eau est essentielle pour restaurer la fertilité des sols dégradés, surtout dans les régions affectées par des précipitations irrégulières ou des périodes prolongées de sécheresse.

  • Installation de systèmes de rétention d’eau : Les systèmes de rétention d’eau, tels que les swales (fossés de rétention) ou les mares, captent et stockent l’eau de pluie, la redistribuant lentement dans le sol. Cela aide à maintenir une humidité stable et à prévenir l’érosion.
    • Pratique : Creuse des swales le long des courbes de niveau pour capter l’eau de pluie et l’infiltrer dans le sol. Ces fossés permettent de recharger la nappe phréatique et de maintenir l’humidité du sol, essentielle pour la restauration de la fertilité.

  • Paillage pour la conservation de l’humidité : Le paillage organique protège le sol contre l’évaporation excessive, maintient l’humidité et régule la température du sol, ce qui est crucial pour la régénération des sols dégradés.
    • Impact sur la fertilité : En maintenant une humidité constante, le paillage favorise l’activité microbienne, réduit le stress hydrique des plantes, et protège la structure du sol, contribuant ainsi à la restauration de sa fertilité.

  • Utilisation de plantes adaptées à la gestion de l’eau : Les plantes comme les légumineuses et les graminées profondes peuvent améliorer la structure du sol et la rétention d’eau. Ces plantes sont capables de survivre dans des conditions de stress hydrique et de réhydrater progressivement le sol.
    • Pratique : Plante des légumineuses comme la luzerne ou le trèfle, qui enrichissent le sol en azote et améliorent sa structure, et des graminées profondes qui aèrent le sol et améliorent la rétention d’eau. Cela aide à restaurer la fertilité du sol, même dans des conditions climatiques difficiles.

Contrôle de l’acidité du sol : restaurer l’équilibre pH et la disponibilité des nutriments

Le changement climatique peut exacerber l’acidification des sols, notamment en augmentant la fréquence des précipitations acides. Un sol trop acide ou trop basique peut restreindre la disponibilité des nutriments et perturber la vie microbienne.

  • Amendement du sol avec du calcaire : L’application de calcaire dolomitique ou de chaux agricole aide à neutraliser l’acidité du sol, en augmentant le pH à des niveaux optimaux pour la plupart des cultures. Cela améliore la disponibilité des nutriments, notamment le phosphore et le calcium.
    • Pratique : Teste le pH du sol avant d’appliquer du calcaire pour ajuster la dose nécessaire. Applique du calcaire en surface ou incorpore-le dans les premières couches du sol pour restaurer un pH équilibré.

  • Utilisation de compost et de matière organique : Le compost contribue également à réguler le pH du sol, en particulier dans les sols légèrement acides ou alcalins. Il stabilise le pH et améliore la disponibilité des nutriments, tout en soutenant une activité microbienne équilibrée.
    • Impact sur la fertilité : En régulant le pH du sol, le compost et la matière organique favorisent un environnement propice à la croissance des plantes et à l’activité microbienne, ce qui est essentiel pour restaurer la fertilité du sol.

  • Cultures de couverture pour la régulation du pH : Certaines plantes de couverture, comme la moutarde ou le trèfle, peuvent aider à réguler le pH du sol en mobilisant les nutriments bloqués et en ajoutant de la matière organique lors de leur décomposition.
    • Pratique : Sème des cultures de couverture adaptées pour restaurer la santé du sol. Leur décomposition améliore la structure du sol et contribue à réguler le pH, créant un environnement favorable à la fertilité.

Conclusion : Restaurer les sols dégradés par le changement climatique en permaculture

Les sols dégradés par les changements climatiques représentent un défi pour la fertilité et la durabilité des écosystèmes agricoles. Cependant, en permaculture, il existe des stratégies efficaces pour restaurer ces sols et leur redonner leur capacité à soutenir une croissance végétale saine. En augmentant la matière organique, en améliorant la structure du sol, en régénérant la biodiversité microbienne, en gérant efficacement l’eau, et en régulant le pH, il est possible de restaurer la fertilité des sols dégradés.

Ces pratiques permettent de créer des écosystèmes résilients qui non seulement survivent aux défis climatiques, mais prospèrent. En adoptant une approche holistique et régénérative, les praticiens de la permaculture peuvent transformer des sols appauvris en sols riches, capables de soutenir des cultures abondantes et durables, tout en contribuant à la lutte contre les impacts négatifs du changement climatique.

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