Dimensionner un système de captage des eaux de pluie en fonction des besoins d’un jardin permaculturel

Avant de concevoir un système de captage des eaux de pluie, il est important d’estimer combien d’eau ton jardin a réellement besoin. Ce calcul dépend de plusieurs facteurs : la taille du jardin, le type de plantes que tu cultives, ton climat local, et la saisonnalité de l’arrosage.

Étapes pour estimer les besoins en eau

1. Calculer la surface de ton jardin

Commence par mesurer la surface totale de ton jardin. Ce chiffre est fondamental pour estimer les besoins en eau. Tu peux le diviser en plusieurs zones si ton jardin comprend des espaces distincts (potager, verger, zones d’ombre, etc.). Plus tu seras précis dans cette évaluation, plus le dimensionnement de ton système sera juste.

2. Estimer la consommation d’eau par type de culture

Les besoins en eau varient énormément selon les types de plantes. Voici quelques exemples de besoins moyens en eau pour différentes cultures (en litres par mètre carré par semaine) :

  • Plantes potagères (tomates, courgettes, salades) : 10 à 20 litres/m²/semaine.
  • Plantes vivaces (herbes aromatiques, arbustes) : 5 à 10 litres/m²/semaine.
  • Arbres fruitiers : 20 à 30 litres par arbre par semaine.
  • Pelouses ou prairies : 5 à 10 litres/m²/semaine.

Si tu disposes d’un potager de 50 m², par exemple, tu peux estimer qu’il a besoin de 500 à 1 000 litres d’eau par semaine en été (50 m² × 10 à 20 litres/m²). Pour un verger avec 5 arbres, il te faudra entre 100 et 150 litres d’eau par semaine (20 à 30 litres par arbre).

3. Tenir compte du climat local

Le climat joue un rôle majeur dans la consommation d’eau de ton jardin. Dans les régions méditerranéennes, par exemple, les plantes auront besoin de plus d’eau pendant l’été, alors que dans les régions humides, l’arrosage pourra être réduit. Il est important de noter les périodes de sécheresse fréquentes dans ta région ainsi que la pluviométrie annuellemoyenne.

Exemple :

  • Régions arides ou méditerranéennes : Les besoins en eau peuvent doubler pendant l’été.
  • Régions tempérées ou humides : L’irrigation peut être limitée à certaines semaines de l’été.

Conseil : Réduis les besoins en eau de ton jardin en utilisant des techniques comme le paillage pour limiter l’évaporation et en choisissant des plantes adaptées à ton climat local.

Calculer la quantité d’eau de pluie récupérable

Une fois que tu connais les besoins de ton jardin, il faut déterminer combien d’eau de pluie tu peux récupérer sur ton terrain pour répondre à ces besoins. Cela dépend principalement de deux facteurs : la surface de captage (toit, serres, autres structures) et la pluviométrie annuelle de ta région.

Calcul de la quantité d’eau récupérable

La formule suivante te permet de calculer la quantité d’eau de pluie que tu peux récupérer :

Eau récupérable (litres)=Surface de captage (m²)×Pluviométrie annuelle (mm)×Rendement du système Eau récupérable (litres)=Surface de captage (m²)×Pluviométrie annuelle (mm)×Rendement du système

  • Surface de captage : Il s’agit de la surface de ton toit (ou autres surfaces imperméables comme des serres, terrasses). Si ton toit fait 50 m², cela donne une base pour le calcul.
  • Pluviométrie annuelle : Consulte les données météorologiques de ta région pour connaître la pluviométrie annuelle moyenne en millimètres (mm). Par exemple, dans une région où il pleut 800 mm par an, chaque mètre carré de toit peut collecter 800 litres d’eau.
  • Rendement du système : Il dépend de la qualité de tes gouttières et de ton installation. Un système bien conçu peut avoir un rendement de 85 à 95 % (le reste étant des pertes par évaporation, éclaboussures ou défauts d’installation).

Exemple concret :

  • Toit de 50 m²
  • Pluviométrie annuelle : 800 mm
  • Rendement du système : 90 %

Eau récupérable par an=50×800×0.9=36000 litres par an Eau récupérable par an=50×800×0.9=36000 litres par an

Cela signifie que sur un toit de 50 m², tu peux récupérer 36 000 litres d’eau par an, soit environ 3 000 litres par mois. À partir de ce calcul, tu peux commencer à dimensionner la taille de tes cuves de stockage.

Dimensionner la capacité de stockage

Une fois que tu sais combien d’eau tu peux récupérer, il est temps de dimensionner la capacité de stockage dont tu auras besoin pour conserver l’eau tout au long de l’année, en particulier pour les périodes où les pluies se font plus rares.

Étapes pour calculer la capacité de stockage

1. Identifier les périodes de déficit hydrique

Même si tu récupères une grande quantité d’eau en hiver ou au printemps, il est probable que tes besoins en eau soient plus élevés en été, notamment dans les régions où les précipitations sont faibles en cette saison. Ton objectif est donc d’avoir suffisamment d’eau stockée pour couvrir cette période.

Regarde les mois de l’année où il pleut le moins et où les besoins d’irrigation sont les plus élevés. Si, par exemple, tu as besoin de 2 000 litres par mois pour ton potager, mais qu’il ne pleut que l’équivalent de 500 litres d’eau récupérable en juillet, il te manquera 1 500 litres d’eau. Tu devras donc avoir suffisamment de réserve pour compenser ce déficit.

2. Calculer la taille des cuves en fonction des besoins

Voici comment dimensionner ta cuve en fonction de la quantité d’eau que tu dois stocker pour les périodes de pénurie :

  • Déficit mensuel : Si, en été, tu as besoin de 2 000 litres par mois et que tu ne peux récupérer que 500 litres, ton déficit est de 1 500 litres par mois.
  • Durée de la sécheresse : Si la sécheresse dure 3 mois, il te faudra stocker 4 500 litres pour couvrir toute cette période.

Dans cet exemple, tu auras donc besoin d’une cuve d’au moins 4 500 litres pour passer l’été sans manquer d’eau.

3. Prendre en compte l’espace disponible

Le volume de la cuve dépend aussi de l’espace dont tu disposes. Si tu n’as pas beaucoup de place, tu peux envisager d’installer plusieurs cuves plus petites à différents endroits ou d’en enterrer une partie pour gagner de la place.

  • Cuves hors-sol : Idéales pour un accès facile, elles sont généralement plus économiques, mais peuvent prendre de la place.
  • Citernes enterrées : Parfaites si tu manques de place en surface, elles permettent de stocker de grandes quantités d’eau sans encombrer l’espace.

Choisir le type de système de captage et de stockage

Le choix du type de système dépend de la quantité d’eau que tu souhaites collecter et de la configuration de ton terrain. Voici les principaux systèmes à envisager pour un jardin permaculturel :

Systèmes de récupération d’eau de toiture

  • Cuves hors-sol : Faciles à installer, ces cuves sont reliées aux gouttières et permettent de récupérer l’eau des toits. Elles sont idéales pour un potager de petite ou moyenne taille.
  • Citernes enterrées : Plus coûteuses à installer, elles offrent une grande capacité de stockage et sont invisibles une fois enterrées. Elles sont recommandées pour les grands jardins ou pour les projets où la place est limitée.

Solutions de stockage naturel

  • Swales et baissières : Ces rigoles creusées dans le sol permettent de capter l’eau de pluie directement dans le sol. Elles sont idéales pour les terrains en pente et permettent de stocker l’eau sous forme d’humidité dans le sol, ce qui est particulièrement utile pour les vergers ou les cultures à racines profondes.
  • Mares et étangs : Si tu as de l’espace, creuser une mare ou un étang permet de stocker de grandes quantités d’eau, tout en créant un écosystème riche en biodiversité. L’eau peut ensuite être utilisée pour l’irrigation pendant les périodes sèches.

Conclusion

Dimensionner un système de captage des eaux de pluie en permaculture nécessite de prendre en compte les besoins en eau de ton jardin, la quantité d’eau que tu peux récupérer, et la capacité de stockage dont tu as besoin pour les périodes sèches. En calculant précisément tes besoins et en adaptant les solutions de captage à la taille de ton jardin et à ton climat local, tu pourras optimiser l’utilisation de cette ressource naturelle précieuse et rendre ton écosystème plus résilient et durable.

Pour aller plus loin :