Intégrer des plantes et des éléments naturels pour améliorer le captage et la filtration des eaux de pluie ?

L’intégration de plantes et d’éléments naturels dans un système de captage et de filtration des eaux de pluie s’inscrit parfaitement dans une démarche permaculturelle. En utilisant des solutions naturelles, tu peux non seulement améliorer l’efficacité du système, mais aussi favoriser la biodiversité, réduire les coûts d’entretien, et rendre le processus de filtration plus durable. Cette page détaille comment tirer parti des plantes et d’autres éléments naturels pour améliorer le captage, la gestion et la filtration des eaux de pluie dans un jardin permaculturel.


Utiliser des plantes pour la filtration naturelle de l’eau

Les plantes jouent un rôle essentiel dans la purification de l’eau en captant les sédiments, en absorbant les nutriments, et en dégradant les polluants organiques. Elles peuvent être intégrées à plusieurs niveaux du système de gestion des eaux de pluie pour en améliorer la qualité.

A. Jardins de pluie pour filtrer et infiltrer l’eau

Un jardin de pluie est une dépression peu profonde aménagée pour capturer et filtrer l’eau de pluie. Il est rempli de plantes capables d’absorber l’eau tout en filtrant les impuretés avant que l’eau ne s’infiltre dans le sol ou ne soit redirigée vers un réservoir.

Avantages des jardins de pluie :

  • Filtration naturelle : Les racines des plantes filtrent l’eau, absorbant les sédiments et les nutriments en excès (nitrates, phosphates), ce qui améliore la qualité de l’eau.
  • Réduction du ruissellement : Ils permettent de ralentir et de retenir l’eau, réduisant ainsi l’érosion et favorisant l’infiltration.
  • Biodiversité : Les jardins de pluie créent un habitat pour les pollinisateurs, les oiseaux et d’autres espèces, tout en embellissant le paysage.

Plantes adaptées :

  • Carex (Carex spp.) : Plantes robustes qui absorbent bien l’eau tout en stabilisant le sol.
  • Iris d’eau (Iris pseudacorus) : Plante très résistante à l’humidité qui aide à purifier l’eau en absorbant les excès de nutriments.
  • Joncs (Juncus spp.) : Idéaux pour les zones inondables, ils absorbent de grandes quantités d’eau tout en filtrant les sédiments.

B. Zones humides artificielles

Les zones humides artificielles fonctionnent comme des systèmes de filtration naturels en imitant les processus biologiques qui se déroulent dans les écosystèmes humides. Elles sont constituées de plantes aquatiques et semi-aquatiques qui purifient l’eau en absorbant les contaminants et en dégradant les matières organiques.

Fonctionnement :

  • L’eau de pluie est dirigée vers une zone humide artificielle où elle passe à travers différentes couches de gravier, de sable et de plantes, avant d’être infiltrée ou dirigée vers un réservoir.
  • Les racines des plantes décomposent les matières organiques, tandis que les sédiments sont piégés dans le sol et les graviers.

Plantes adaptées :

  • Typha (Typha latifolia) : Une plante semi-aquatique qui absorbe efficacement les nutriments et filtre les sédiments.
  • Scirpes (Schoenoplectus spp.) : Idéales pour stabiliser les berges et filtrer l’eau grâce à leurs racines denses.
  • Salicaire commune (Lythrum salicaria) : Une plante à fleurs qui aide à filtrer l’eau tout en attirant les pollinisateurs.

C. Filtres végétalisés

Un filtre végétalisé est une petite parcelle où l’eau de pluie passe à travers un lit de plantes et de sol avant d’être stockée. Ce type de filtre utilise la capacité naturelle des plantes à absorber les nutriments et à filtrer les polluants.

Installation d’un filtre végétalisé :

  • Aménage un bassin peu profond rempli de gravier, de sable, et de terre. L’eau passe lentement à travers ces couches, où les plantes absorbent les nutriments en excès.
  • L’eau filtrée peut ensuite être redirigée vers un réservoir ou une mare.

Plantes recommandées :

  • Menthe aquatique (Mentha aquatica) : Plante aux propriétés purificatrices, idéale pour les filtres végétalisés.
  • Acore odorant (Acorus calamus) : Une plante rhizomateuse utilisée dans les systèmes de filtration pour ses capacités à absorber les polluants.
  • Roseaux (Phragmites australis) : Ils capturent les nutriments et stabilisent les sols dans les filtres végétalisés.

Améliorer le captage avec des éléments naturels

Les éléments naturels, comme le sol et les structures en pierres ou en bois, peuvent être utilisés pour améliorer l’efficacité du captage de l’eau de pluie en la dirigeant, en la ralentissant, ou en favorisant son infiltration dans le sol.

A. Créer des baissières pour capter et retenir l’eau

Les baissières (ou rigoles d’infiltration) sont des tranchées creusées le long des courbes de niveau d’un terrain. Elles permettent de capter l’eau de pluie et de ralentir son écoulement, favorisant ainsi l’infiltration dans le sol. Ce système fonctionne particulièrement bien dans les zones à pente douce.

Avantages des baissières :

  • Amélioration de l’infiltration : Elles permettent à l’eau de s’infiltrer lentement dans le sol, augmentant ainsi la recharge des nappes phréatiques.
  • Réduction du ruissellement : En ralentissant l’eau, elles réduisent l’érosion et limitent la perte d’eau par écoulement de surface.

Comment les intégrer :

  • Creuse des tranchées peu profondes à intervalles réguliers le long des courbes de niveau de ton terrain. Les baissières peuvent être remplies de gravier, de copeaux de bois, ou laissées à l’état naturel pour favoriser l’infiltration.
  • Plante des arbres ou des buissons sur le bord des baissières pour stabiliser le sol et renforcer l’effet d’infiltration.

B. Installer des swales pour diriger l’eau

Les swales sont similaires aux baissières, mais ils sont souvent utilisés dans des zones plus grandes ou à des fins spécifiques de captage d’eau. Ils dirigent l’eau de pluie vers des réservoirs ou des zones de filtration naturelle.

Avantages des swales :

  • Gestion de l’excès d’eau : Les swales permettent de diriger l’eau de pluie des zones imperméables ou des toits vers des zones où elle peut être filtrée ou stockée.
  • Réduction des inondations : En redirigeant l’eau, ils permettent de prévenir les inondations dans les zones basses du jardin.

Intégration :

  • Installe des swales autour des bâtiments pour récupérer l’eau de pluie des toits ou des terrasses. Relie ces swales à des réservoirs ou des jardins de pluie pour optimiser le captage.

C. Utiliser des surfaces végétalisées pour capter l’eau

Les surfaces végétalisées, comme les toitures végétalisées ou les zones de gazon, aident à capter et à filtrer l’eau de pluie avant qu’elle ne soit redirigée vers un système de stockage. Ces surfaces absorbent une partie de l’eau et la filtrent naturellement.

Avantages :

  • Réduction du ruissellement : Les plantes et le sol absorbent une partie de l’eau de pluie, réduisant la quantité d’eau qui s’écoule rapidement vers les réservoirs ou les drains.
  • Filtration naturelle : Les surfaces végétalisées, comme les toitures végétalisées, filtrent l’eau avant qu’elle n’atteigne les systèmes de stockage.

Intégration :

  • Utilise des toitures végétalisées sur les abris de jardin, les garages, ou les serres pour capter l’eau de pluie tout en créant un habitat naturel.
  • Crée des surfaces végétalisées avec des plantes couvre-sol autour des zones de captage pour favoriser l’infiltration de l’eau et réduire l’érosion.

Maximiser l’infiltration de l’eau dans le sol

Les plantes et les éléments naturels peuvent être utilisés pour maximiser l’infiltration de l’eau dans le sol. Cela permet d’améliorer la rétention d’eau sur place, de réduire le ruissellement et de limiter les pertes d’eau.

A. Plantes couvre-sol pour limiter l’évaporation

Les plantes couvre-sol sont une solution idéale pour maintenir l’humidité du sol, réduire l’évaporation, et améliorer la rétention d’eau. Elles forment une couverture végétale qui empêche le sol de se dessécher rapidement après une pluie.

Plantes recommandées :

  • Thym serpolet (Thymus serpyllum) : Une plante couvre-sol résistante à la sécheresse, idéale pour les climats arides.
  • Trèfle blanc (Trifolium repens) : Le trèfle aide à améliorer la structure du sol tout en captant l’humidité.
  • Fétuque (Festuca glauca) : Cette herbe ornementale résistante favorise l’infiltration de l’eau tout en stabilisant les sols.

B. Ajouter du paillage pour améliorer l’infiltration

Le paillage organique, comme les copeaux de bois, les feuilles mortes ou la paille, est un élément naturel efficace pour maintenir l’humidité et favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol.

Avantages :

  • Réduction de l’évaporation : Le paillis forme une barrière protectrice qui limite l’évaporation de l’eau, surtout en été.
  • Amélioration de la structure du sol : En se décomposant, le paillis enrichit le sol et améliore sa capacité à retenir l’eau.

Intégration :

  • Applique une couche de 5 à 10 cm de paillis autour des plantes pour conserver l’humidité et améliorer la pénétration de l’eau dans le sol.

C. Créer des fossés et mares pour stocker et infiltrer l’eau

Les mares et fossés d’infiltration sont des structures naturelles qui permettent de retenir l’eau de pluie et de favoriser son infiltration dans les nappes phréatiques.

Fonctionnement :

  • L’eau de pluie est dirigée vers des fossés ou des mares où elle peut s’infiltrer lentement dans le sol, tout en étant filtrée par les plantes environnantes. Ce système permet de stocker l’eau naturellement pendant les périodes de précipitations.

Avantages écologiques :

  • Recharge des nappes phréatiques : En ralentissant le flux de l’eau et en favorisant l’infiltration, ces structures participent à la recharge des nappes phréatiques.
  • Création de microclimats : Les mares et fossés d’infiltration créent des zones humides qui profitent aux plantes environnantes et améliorent la biodiversité locale.

Utiliser des matériaux naturels pour les systèmes de filtration

Outre les plantes, des matériaux naturels comme le gravier, le sable et le bois peuvent être utilisés dans les systèmes de filtration pour capturer les sédiments et améliorer la qualité de l’eau avant qu’elle ne soit stockée.

A. Filtration par le sable et le gravier

Les filtres à sable et gravier sont une solution naturelle et peu coûteuse pour filtrer l’eau de pluie. L’eau traverse plusieurs couches de gravier et de sable, qui retiennent les particules en suspension et permettent d’obtenir une eau plus propre.

Fonctionnement :

  • L’eau de pluie passe d’abord à travers une couche de gravier, qui retient les plus gros débris, avant de traverser une couche de sable qui filtre les particules fines.

Avantages :

  • Efficacité : Les filtres à sable et gravier éliminent efficacement les sédiments et certains polluants organiques.
  • Durabilité : Ces filtres peuvent durer longtemps avec un entretien minimal (nettoyage ou remplacement des couches de sable et gravier).

B. Filtres à charbon actif naturel

Le charbon actif est un matériau naturel qui peut être utilisé pour filtrer l’eau de pluie en capturant les impuretés organiques et chimiques. Il est fabriqué à partir de matières végétales, comme les coques de noix de coco ou le bois, et est idéal pour améliorer la qualité de l’eau.

Fonctionnement :

  • L’eau de pluie traverse un filtre contenant du charbon actif, qui adsorbe les impuretés et les polluants, laissant passer une eau plus propre.

Avantages :

  • Purification de l’eau : Le charbon actif élimine les substances organiques, les odeurs et certains produits chimiques, ce qui améliore considérablement la qualité de l’eau.
  • Matériau naturel : Le charbon actif est biodégradable et renouvelable, ce qui en fait une solution écologique pour la filtration.

Conclusion

L’intégration de plantes et d’éléments naturels dans un système de captage et de filtration des eaux de pluie est une stratégie efficace et écologique qui permet d’améliorer la qualité de l’eau tout en favorisant la biodiversité et la résilience de ton jardin. Que ce soit par l’installation de jardins de pluie, de zones humides artificielles, ou par l’utilisation de baissières et de plantes couvre-sol, chaque élément naturel joue un rôle clé dans l’optimisation du captage, de la filtration, et de l’infiltration de l’eau. Ces solutions permettent de créer un système de gestion de l’eau qui s’intègre parfaitement dans une démarche permaculturelle, en utilisant les forces de la nature pour gérer et purifier l’eau de manière durable et respectueuse de l’environnement.

Pour aller plus loin :