Le guide de la permaculture : jardine autrement

Technologies de compostage les plus adaptées à un système permaculturel

Le compostage est une technique fondamentale en permaculture, car il permet de transformer les déchets organiques en un sol riche et fertile. Il s’inscrit dans une logique de recyclage et de régénération des ressources, essentielle pour créer un écosystème autonome et durable. En restituant au sol les nutriments extraits par les plantes, le compostage améliore la structure du sol, favorise la vie microbienne, et réduit les besoins en engrais chimiques. Les technologies de compostage adaptées à un système permaculturel doivent être efficaces, peu énergivores et faciles à mettre en place, tout en favorisant une gestion optimisée des déchets organiques. Voici un guide des techniques de compostage les plus adaptées pour maximiser la santé du sol et la productivité d’un système permaculturel.

Table des matières
  1. Le compostage en tas : Simple, efficace et adaptable à toutes les échelles
  2. Compostage en lasagne (sheet mulching) : Intégrer le compostage directement au jardin
  3. Compostage en bac (ou composteur) : Compostage contrôlé pour espaces restreints
  4. Lombricompostage : Transformer les déchets en or noir avec l’aide des vers de terre
  5. Compostage en fosse (ou trench composting) : Méthode discrète et efficace pour enrichir le sol en profondeur
  6. Plus d'informations :

Le compostage en tas : Simple, efficace et adaptable à toutes les échelles

Le compostage en tas est l’une des méthodes les plus courantes et accessibles pour recycler les déchets organiques. Il consiste à accumuler les matières organiques en couches pour qu’elles se décomposent naturellement sous l’action des micro-organismes.

Principes de base du compostage en tas

  1. Équilibre des matières :
    • Matières vertes : Riches en azote, elles incluent les déchets de cuisine (épluchures, restes de fruits et légumes), les tontes de gazon, et les résidus de cultures fraîches.
    • Matières brunes : Riches en carbone, elles incluent les feuilles mortes, la paille, les copeaux de bois, le carton non imprimé et les brindilles.
  2. Aération et humidité :
    • Alterne les couches de matières vertes et brunes pour favoriser l’aération et maintenir un rapport carbone/azote équilibré (environ 30:1).
    • Arrose régulièrement pour maintenir une humidité semblable à celle d’une éponge essorée. Trop sec, le compost ne se décompose pas ; trop humide, il devient anaérobie (sans oxygène) et dégage des odeurs.
  3. Taille et dimension :
    • Un tas de compost efficace doit mesurer entre 1 et 1,5 mètre de haut et de large pour atteindre une température interne adéquate (50-60°C).
    • Si le tas est trop petit, il ne chauffe pas assez ; s’il est trop grand, il peut manquer d’oxygène au centre.

Techniques pour améliorer le compostage en tas

  1. Broyage des matières :
    • Hache les matières brunes en petits morceaux (10-20 cm) pour accélérer leur décomposition.
    • Les matières vertes peuvent être découpées en petits morceaux pour faciliter leur intégration dans le tas.
  2. Aération régulière :
    • Retourne le tas tous les 15 jours pour aérer le compost, répartir l’humidité et accélérer la décomposition.
    • Utilise une fourche ou un aérateur de compost pour remuer le centre du tas et amener l’air au cœur du compost.
  3. Ajout de stimulateurs de compost :
    • Ajoute du compost mûr, du fumier ou un activateur de compost (poudre d’os, algues) pour enrichir le tas en micro-organismes et en enzymes.
    • Tu peux également ajouter un peu de terre du jardin pour introduire des bactéries et champignons bénéfiques.

Avantages et inconvénients du compostage en tas

  1. Avantages :
    • Facilité de mise en place, même sur de petites surfaces.
    • Adaptable à la quantité de déchets produits et peu coûteux.
    • Enrichissement rapide du sol avec un compost mûr en 3 à 6 mois.
  2. Inconvénients :
    • Nécessite un entretien régulier (arrosage, retournement).
    • Peut attirer les nuisibles (rongeurs, insectes) si mal géré.
    • Le processus peut être long en cas de conditions climatiques défavorables (froid, sécheresse).

Compostage en lasagne (sheet mulching) : Intégrer le compostage directement au jardin

Le compostage en lasagne, ou « lasagna gardening », consiste à empiler directement les matières organiques sur le sol, créant ainsi des couches qui se décomposent progressivement pour enrichir le sol en place. Cette technique est idéale pour préparer un nouveau potager ou régénérer un sol appauvri.

Création d’un lit de lasagne

  1. Choix de l’emplacement :
    • Choisis un emplacement ensoleillé et bien drainé. L’emplacement idéal est là où tu prévois de planter dans quelques mois.
    • Tond l’herbe ou arrache les mauvaises herbes existantes avant de commencer.
  2. Couches de base :
    • Commence par une couche de carton ou de papier journal non imprimé, bien mouillé, pour étouffer les mauvaises herbes.
    • Ajoute une couche de matières brunes (paille, feuilles mortes, copeaux de bois) d’environ 10 à 20 cm d’épaisseur.
  3. Couches successives :
    • Ajoute une couche de matières vertes (déchets de cuisine, tontes de gazon) d’environ 5 à 10 cm.
    • Continue à alterner les couches brunes et vertes, en arrosant chaque couche pour maintenir l’humidité.
  4. Couverture finale :
    • Termine par une couche épaisse de paille ou de compost mûr pour protéger le tas et favoriser la décomposition.
    • Laisse le lit reposer pendant 3 à 6 mois avant de planter directement dedans.

Avantages et inconvénients du compostage en lasagne

  1. Avantages :
    • Création d’un sol fertile directement là où tu veux planter, sans creuser.
    • Amélioration de la structure et de la rétention d’eau du sol en place.
    • Facilité d’installation et peu d’entretien une fois le lit en place.
  2. Inconvénients :
    • Nécessite une grande quantité de matériaux pour couvrir une surface importante.
    • Peut prendre du temps avant que le lit soit prêt à accueillir des cultures (3 à 6 mois).
    • En cas de sursaturation, le lit peut devenir trop humide et ralentir la décomposition.

Compostage en bac (ou composteur) : Compostage contrôlé pour espaces restreints

Le compostage en bac permet de composter dans un espace limité, comme un petit jardin ou une terrasse, tout en gardant les matières bien contenues. Les bacs permettent une gestion plus facile des déchets et réduisent les nuisances potentielles.

Choix et installation d’un bac de compostage

  1. Types de bacs :
    • Bac en bois : Permet une bonne aération et un aspect naturel, idéal pour les jardins. Utilise du bois non traité pour éviter les produits chimiques.
    • Bac en plastique : Durable et facile à nettoyer. Les bacs à compost en plastique recyclé sont une option écologique.
    • Composteur rotatif : Un tambour surélevé qui facilite le retournement du compost sans effort. Idéal pour les petits espaces et les personnes ayant des difficultés à retourner le compost à la fourche.
  2. Emplacement du bac :
    • Place le bac sur le sol pour permettre aux micro-organismes et aux vers de terre d’accéder au compost.
    • Choisis un emplacement mi-ombragé, protégé du vent et facilement accessible pour l’ajout de matières.
  3. Gestion des matières :
    • Ajoute des matières vertes et brunes en couches alternées, comme pour le compost en tas.
    • Veille à maintenir un bon rapport carbone/azote (environ 2/3 de matières brunes pour 1/3 de matières vertes).

Entretien et gestion du bac de compostage

  1. Aération :
    • Retourne le compost tous les 2 à 3 semaines pour aérer les matières. Utilise une fourche ou un brass’compost.
    • Les bacs rotatifs facilitent cette opération, car il suffit de les tourner pour mélanger le compost.
  2. Humidité :
    • Arrose légèrement le compost si nécessaire pour maintenir une humidité optimale (semblable à celle d’une éponge essorée).
    • Si le compost devient trop humide, ajoute des matières sèches (feuilles mortes, carton déchiqueté) pour absorber l’excès d’eau.
  3. Surveillance des nuisances :
    • Évite d’ajouter des viandes, des produits laitiers ou des graisses, qui attirent les nuisibles et provoquent des mauvaises odeurs.
    • Couvre les nouveaux apports avec une couche de matière brune pour limiter les odeurs.

Avantages et inconvénients du compostage en bac

  1. Avantages :
    • Adapté aux petits espaces, facile à gérer et à surveiller.
    • Contrôle des nuisances et des odeurs grâce au confinement des matières.
    • Compost mûr en 3 à 6 mois avec un entretien régulier.
  2. Inconvénients :
    • Volume limité, ce qui peut nécessiter plusieurs bacs pour traiter tous les déchets.
    • Le compost peut nécessiter une surveillance plus régulière pour éviter les déséquilibres (humidité, aération).

Lombricompostage : Transformer les déchets en or noir avec l’aide des vers de terre

Le lombricompostage utilise des vers rouges (Eisenia fetida) pour décomposer les déchets organiques en un compost très riche, appelé lombricompost ou “vermicompost”. Cette méthode est idéale pour les espaces restreints, comme les appartements, et pour valoriser les déchets de cuisine.

Mise en place d’un lombricomposteur

  1. Choix du lombricomposteur :
    • Bac en plastique ou en bois : Assure une bonne ventilation et évite l’accumulation d’humidité. Un bac de 30 à 50 cm de profondeur est suffisant.
    • Système à étages : Permet d’ajouter des étages au fur et à mesure que les vers digèrent les matières. Facile à gérer et à récolter.
  2. Installation et démarrage :
    • Place le lombricomposteur dans un endroit frais et ombragé (à l’intérieur ou à l’extérieur), à une température comprise entre 15 et 25°C.
    • Ajoute un lit de démarrage composé de carton déchiqueté, de feuilles mortes, et de terreau humide pour accueillir les vers.
  3. Introduction des vers :
    • Utilise des vers rouges (Eisenia fetida), adaptés au compostage. Compte environ 500 g de vers pour démarrer un lombricomposteur domestique (environ 1 000 vers).
    • Ajoute progressivement les déchets de cuisine (épluchures, restes de fruits et légumes, marc de café, coquilles d’œufs écrasées).

Entretien du lombricomposteur

  1. Alimentation des vers :
    • Nourris les vers avec de petites quantités de déchets organiques, découpés en petits morceaux. Évite les agrumes, les oignons, l’ail, les viandes et les produits laitiers.
    • Ajoute des matières carbonées (carton déchiqueté, papier non imprimé) pour équilibrer le rapport carbone/azote et éviter une acidité excessive.
  2. Surveillance de l’humidité :
    • Maintiens une humidité modérée, comme un chiffon humide. Si le compost devient trop sec, ajoute de l’eau ; s’il est trop humide, ajoute du carton ou des feuilles sèches.
    • Assure-toi que le compost ne dégage pas de mauvaises odeurs, signe d’un excès d’humidité ou d’un manque d’aération.
  3. Récolte du lombricompost :
    • Lorsque le lombricompost est bien décomposé (après 3 à 6 mois), sépare-le des vers en déplaçant les matières dans un coin du bac. Les vers migreront vers la nouvelle matière organique.
    • Récolte le lombricompost pour l’utiliser comme amendement dans le jardin ou le potager.

Avantages et inconvénients du lombricompostage

  1. Avantages :
    • Produit un compost très riche en nutriments, idéal pour les semis et les cultures sensibles.
    • Adapté aux petits espaces et aux environnements urbains, même en intérieur.
    • Transforme rapidement les déchets de cuisine en compost.
  2. Inconvénients :
    • Nécessite des soins réguliers pour maintenir un équilibre optimal (humidité, alimentation).
    • Sensible aux variations de température et aux matières inadaptées (acides, épicées).
    • Production de compost limitée par la capacité des vers à digérer les matières.

Compostage en fosse (ou trench composting) : Méthode discrète et efficace pour enrichir le sol en profondeur

Le compostage en fosse consiste à enterrer les déchets organiques directement dans le sol, où ils se décomposent progressivement. C’est une méthode discrète et facile à mettre en œuvre, idéale pour enrichir le sol en profondeur.

Mise en place d’un compostage en fosse

  1. Choix de l’emplacement :
    • Choisis un endroit du jardin où tu souhaites enrichir le sol, comme un futur potager ou une zone de plantation.
    • Évite les zones avec un système racinaire dense ou des cultures en place pour ne pas les déranger.
  2. Création de la fosse :
    • Creuse une tranchée ou une fosse d’environ 30 à 50 cm de profondeur et de la longueur désirée (1 à 2 m).
    • Dépose une couche de matières brunes (feuilles mortes, paille) au fond pour favoriser l’aération.
  3. Ajout des déchets organiques :
    • Ajoute les déchets de cuisine (épluchures, restes de légumes, marc de café) et les résidus de jardin (tontes de gazon, résidus de cultures) dans la fosse.
    • Recouvre chaque couche de déchets d’une fine couche de terre pour limiter les odeurs et accélérer la décomposition.

Entretien et utilisation de la fosse

  1. Gestion des matières :
    • Continue à ajouter des déchets jusqu’à remplir la fosse aux deux tiers. Recouvre ensuite le tout d’une épaisse couche de terre.
    • Laisse la fosse se décomposer pendant 3 à 6 mois avant de la replanter.
  2. Rotation des fosses :
    • Si tu as plusieurs fosses, alterne leur utilisation pour toujours avoir une fosse en cours de décomposition et une fosse prête à être plantée.
    • Déplace les fosses autour du jardin chaque année pour enrichir progressivement le sol dans toute la zone de culture.

Avantages et inconvénients du compostage en fosse

  1. Avantages :
    • Discret et sans entretien, idéal pour les petites surfaces ou les zones déjà plantées.
    • Améliore la structure et la fertilité du sol en profondeur, sans avoir à transporter le compost.
    • Limite les nuisances (odeurs, insectes) grâce à l’enfouissement des matières.
  2. Inconvénients :
    • Processus plus long pour obtenir un sol enrichi (3 à 6 mois).
    • Difficulté à accéder aux matières en décomposition en cas de besoin.
    • Nécessite de déplacer les zones de compostage chaque année pour éviter la saturation du sol en matières organiques.

Les technologies de compostage adaptées à un système permaculturel sont variées et complémentaires. Que tu choisisses le compostage en tas, en lasagne, en bac, le lombricompostage ou le compostage en fosse, chacune de ces méthodes offre des avantages spécifiques pour enrichir le sol, recycler les déchets organiques et créer un écosystème résilient et productif. En combinant plusieurs de ces techniques, tu pourras optimiser la gestion des déchets dans ton jardin ou ta ferme permaculturelle et améliorer la fertilité de ton sol de manière durable. Choisis la méthode la plus adaptée à ton environnement et à tes besoins, et n’hésite pas à expérimenter pour trouver le système qui te convient le mieux ! 🌱🌿

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